De bons chiffres. Comme d’hab’…

Le taux de chômage dans l'Ortenau est resté stable au mois de décembre 2018. 2,8%. Le plein emploi. A déguster avant l'arrivée de la crise.

L'économie allemande pourrait bientôt plonger... Foto: Sergey Dukachev & Alex Zelenin / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Une information est passée presque inaperçue la semaine dernière. Le ministre des Finances allemand, Olaf Scholz (SPD), avait annoncé que si en 2019, l’Etat fédéral pouvait encore s’attendre à des recettes fiscales record, cette année allait également marquer la fin des « années grasses ». Comprendre : l’Allemagne se dirige vers une récession qui se traduira par un manque de recettes fiscales. L’une des raisons pour cette évolution est le vieillissement de la société allemande, que les techniciens décrivent comme le « changement démographique ». C’est sous cette lumière qu’il convient d’interpréter les excellents chiffres du marché de l’emploi.

Dans l’Ortenau voisine, l’Agence pour l’Emploi annonce un taux de chômage inchangé : 2,8%, ce qui correspond encore et toujours au plein emploi. Un succès, sans doute. « L’année 2018 se termine avec un taux de chômage exceptionnellement faible », commente Angela Pöpplau-Hübner, directrice adjointe de l’Agence pour l’Emploi à Offenburg, « Les opportunités sont excellentes pour les chercheurs d’emploi et ce, dans quasiment tous les domaines. Pour répondre à la demande croissante en main d’œuvre qualifiée, nous allons continuer à nous concentrer en 2019 sur la formation et la qualification des chercheurs d’emploi ».

Bien, des chiffres records, un taux de chômage qui fait que l’Europe entière se demande comment ils font, ces Allemands. Pourtant, la réponse est simple. Nous arrivons au cœur de ces années à très faible taux de naissances en Allemagne, et la logique veut que lorsque le nombre d’actifs baisse, le nombre de demandeurs d’emplois baisse en même temps. Cette évolution conduira vers un ralentissement de l’activité économique en Allemagne, et ce ralentissement affectera à la fois la force d’innovation de l’économie allemande et la croissance. C’est cela que voulait dire Olaf Scholz ; et il avait raison d’annoncer la « fin des années grasses ».

Car ce ralentissement de l’économie allemande aura une série de conséquences des plus fâcheuses. Moins d’emploi veut dire moins de recettes fiscales ; moins de recettes fiscales veut dire baisse des investissements publics ; baisse des investissements publics veut dire – hausse du chômage. La hausse du chômage, elle, entraîne une hausse des dépenses sociales qui doit être financée à un moment où les recettes seront en nette baisse : l’Allemagne se dirige lentement, mais sûrement vers les conséquences du vieillissement de sa société.

Si les chiffres publiés tous les mois par les Agences pour l’Emploi allemandes sont positives et témoignent d’un excellent travail sur le terrain, force est de constater qu’il ne s’agit qu’une prise de vue instantanée. La crise approche aussi en Allemagne ; et d’ici quelques années, le pays connaîtra les mêmes difficultés que les autres pays européens actuellement. Mais il n’y a pas lieu de se réjouir que le « premier de la classe » auto-proclamé soit appelé à trébucher – l’affaiblissement programmé de l’économie allemande affectera aussi les autres Etats membres de l’Union Européenne.

Il convient donc de lire les chiffres du marché de l’emploi allemand avec une certaine précaution. Ce qui brille aujourd’hui pourra bien se transformer en ferraille demain…

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