Des élections anticipées en Allemagne ?

Le ministre-président de la Bavière Markus Söder demande des élections législatives anticipées en Allemagne. Mais il joue gros avec cette proposition, car l'Allemagne n'est pas à l'abri d'un résultat comme aux Pays-Bas.

Markus Söder, ministre-président de la Bavière, demande la tenue d'une élection législative anticipée le 9 juin 2024. Foto: Kremlin.ru / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Markus Söder, ministre-président de la Bavière et chef de la CSU, la «  petite sœur  » de la CDU en Bavière, n’a pas tort. Les sondages indiquent clairement que la coalition au pouvoir à Berlin, SPD-Verts-FDP, a perdu la confiance des électeurs allemands. Dans les sondages hebdomadaires, les trois partis se situent ensemble (!) à 32%, parfois à 33% et il est évident qu’il sera difficile d’aller jusqu’au terme de ce mandat en 2025. Toutefois, organiser des élections législatives le même jour que l’élection européenne le 9 juin, comme le propose Markus Söder, comporte le risque d’ouvrir la voie aux eurosceptiques de l’extrême-droite qui elle, a pu s’installer solidement à la 2e place du paysage politique en Allemagne.

L’Allemagne vit actuellement une crise politique sans précédent. Outre les crises mondiales sur lesquelles l’Allemagne ne pèse plus du tout, le pays se trouve dans une situation de gel du budget, une situation que l’on connaît des Etats-Unis, mais pas de l’Allemagne. Suite à un jugement de la Cour Constitutionnelle qui a invalidé le budget du gouvernement, le ministre des finances Christian Lindner (FDP) cherche 60 milliards d’euros qui étaient prévus pour la protection du climat et la transformation écologique. En attendant, les ministères fédéraux ne peuvent plus engager de nouvelles dépenses ou démarrer des projets publics si ces derniers dureraient plus d’un an.

Les difficultés de la coalition berlinoises se traduisent par des querelles entre les partenaires, en particulier entre les libéraux du FDP et les Verts et vouloir tirer le frein d’urgence, comme le propose Markus Söder, est compréhensible. Mais quelles seraient les alternatives en cas d’élections anticipées  ? En vue des scores de l’AfD, il s’agirait seulement de créer une autre coalition, cette fois sous un chancelier CDU, mais puisque tous les partis sont aujourd’hui faibles, il faudrait à nouveau mettre en œuvre une coalition comportant trois partis et on voit mal ce que cela changerait par rapport à la situation actuelle.

Comme dans d’autres pays, les extrémistes-nationalistes et eurosceptiques ont le vent en poupe et l’Allemagne ne constitue pas une exception dans cette évolution. Des élections anticipées pourraient donner un résultat comparable à celui aux Pays-Bas où le parti de Geert Wilders a fait mentir les sondages en remportant les dernières élections avec une large avance sur tous les autres partis.

Une alternative serait que ce gouvernement berlinois cesse son nombrilisme et se mette à mener une politique compréhensible et efficace. Mais cette phrase relève surtout du vœu pieu, car à Berlin, ce n’est pas différent qu’à Paris, Washington ou Madrid – les responsables politiques ne se battent pas pour le bien commun, mais pour les prochaines échéances électorales et leur carrière personnelle.

Organiser des élections législatives le même jour que l’élection européenne, risque de favoriser les extrémistes qui eux, se rendent régulièrement aux urnes pour exprimer leur mécontentement. Si l’élection européenne connaîtra un taux de participation historiquement faible, cela risque aussi d’affecter une élection législatives organisée le même jour. Là, il vaudrait mieux réfléchir, car offrir une telle autoroute aux extrémistes, pourrait avoir des conséquences graves pour l’Allemagne et pour l’Europe.

La crise gouvernementale en Allemagne se dessine de plus en plus clairement et pendant que l’on réfléchit à des élections anticipées, le FDP doit organiser, sous la pression de ses fédérations, un vote parmi ses adhérents pour répondre à la question si les libéraux doivent quitter la coalition berlinoise. Décidément, quand ça va mal, ça va vraiment mal…

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