Des gouvernants opaques demandent le citoyen transparent

Le Parlement Européen entend baisser la limite pour les transactions financières en numéraire à 7000€. D'une part, le PE souhaite endiguer la corruption, d'autres part, créer le « citoyen en verre ».

Les jours du "cash" semblent comptés... Foto: Alexey Kudenko / Алексей Куденко / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Les jours de l’argent en numéraires semblent comptés. En limitant les transactions financières en numéraires, les instances européennes font un pas supplémentaire vers l’abolition de l’argent liquide, histoire de numériser encore un peu plus la vie des gens.

Dans 18 des 27 états-membre de l’Union Européenne connaissent déjà de telles limitations, allant de 500€ en Grèce à 15000€ en Croatie. Actuellement, la Commission Européenne préconise une limite de 10.000€ par transaction, le Parlement veut aller jusqu’à 7000€. Est-ce que le scandale de corruption au sein du Parlement Européen qui motive cette démarche du parlement ? Après tout, la vice-présidente de l’institution, la Grecque Eva Kaili, avait trébuché sur des sacs d’argent contenant 1,5 millions d’euros.

Mais le citoyen lambda n’est généralement pas concerné par ces corruptions – mais il craint de plus en plus la surveillance totale qui est peu à peu instaurée et ce, à plusieurs niveaux. Evidemment, les plans d’abolir l’argent en numéraires, correspond à la volonté de pouvoir surveiller les citoyens dans le moindre de leurs mouvements et pour y arriver, le « tout numérique » constitue une voie royale pour ceux qui ont peur des peuples. Et bien sûr, il s’agit d’un projet d’exclusion, car des personnes âgées ou pauvres seraient, dans les faits, exclus de la vie économique, puisque bon nombre de personnes dans ces catégories ne disposent pas de cartes de crédit ou même de paiement, souvent même pas d’un compte bancaire fonctionnel.

Si on comprend le souhait de couper court au blanchiment d’argent, si on souhaite assécher les circuits financiers du crime organisé, si on veut empêcher des cas de corruption comme celui au sein du Parlement Européen (et dont on parle de moins en moins… pour info – vendredi, la détention provisoire d’Eva Kaili et de Marc Tarabella a été prolongée d’un et de deux mois…), force est de constater que l’étau se resserre autour des citoyens lambda qui peu à peu, deviennent totalement transparents pour les autorités, comme l’avait déjà décrit un certain George Orwell dans son roman « 1984 ».

Le « tout numérique », certes utile dans de nombreux domaines, ne doit pas intervenir là où la liberté individuelle est concernée. Vouloir combattre la corruption et le blanchiment d’argent, c’est une excellente idée et pour ce faire, l’Union Européenne vient de décider la création d’une nouvelle autorité européenne qui s’occupera de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Si une telle autorité existe déjà avec OLAF, peut-être une nouvelle institution sera plus efficace dans cette lutte.

Mais en vue de la confiance détruite entre le monde politique (que ce soit au niveau local, régional, national ou européen) et les citoyens et citoyennes, il serait indiqué d’avancer très, très doucement dans la numérisation de la vie privée des gens. Car ils sont nombreux à penser que cette nouvelle mesure vise moins le blanchiment d’argent et la corruption, mais plutôt la surveillance totale des citoyens. Il serait temps que les autorités comprennent que les citoyens et citoyennes ne sont pas leurs ennemis qu’il faut surveiller et combattre…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste