Destruction : « C’est l’Armageddon »
En Europe centrale et orientale, destruction par le feu et par les barrages
(Marc Chaudeur) – Le plus grand Parc naturel de Pologne, le Biebrza, continue à brûler ; le feu y détruit de nombreuses espèces, là-bas, dans le nord ouest du pays. Cause du sinistre : les feux allumés illégalement dans les herbes. Beaucoup plus loin au sud de l’Europe, en Bosnie Herzégovine, dans une région magnifique et riche en espèces piscicoles, on détruit sciemment l’environnement, pour espèces sonnantes et trébuchantes, en profitant du confinement qu’impose le COVID-19. Fi donc !
Jeudi, le feu continuait à ravager le plus grand Parc national polonais, celui de Biebrza. « C’est l’Armageddon », disent les pompiers… Le vent avait faibli, mais aucune précipitation en vue pour plusieurs jours, et les dégâts étaient immenses : les quelques 100 pompiers dépêchés sur place relevaient les restes carbonisés d’élans, de cerfs, de poussins dans leurs nids… Ce Parc de presque 60 000 ha est particulièrement riche en faune et en flore, surtout dans la zone la plus difficile d’accès, qu’on appelle le Marais rouge : élans, cerfs, loups, loutres, les castors qui ont donné leur nom à l’endroit, de multiples espèces d’amphibiens, et… les milliers d’oiseaux nicheurs ou de passage dont les oniriques grues cendrées dont le cri fait sursauter tout bon bialystokien un peu sensible. Le feu n’est pas prêt d’être éteint, malgré les moyens techniques et financiers considérables mis en œuvre. En passant, il serait assez élégant que l’Australie aide les Polonais, puisque l’organisme qui pratique depuis 3 jours la collecte est celui qui a été mis en œuvre pour aider à lutter contre les incendies de l’an dernier au pays du Rêve, d’ACDC et des kangourous…
La cause majeure de cet incendie, comme d’ailleurs de tous ceux qui sévissent actuellement dans toute l’Allemagne : le débroussaillage par le feu, parce qu’il provoque des ravages inédits dûs aux changements climatiques.
En somme, les deux grands maux de ce temps, changements climatiques et pandémie, sont en train de détruire une partie de l’Europe – par l’activité inconsidérée des hommes. En Bosnie Herzégovine, dans cette autre partie magnifique et plutôt reculée de l’Europe, les constructeurs de barrages ne perdent pas leur temps. Ils sont à pied d’œuvre et profitent de la paralysie qu’entraîne la pandémie : en ce moment, ils édifient 5 de ces tue-rivières, parfois illégalement, sans permis de construire et sans concertation de la population. Mais avec de belles sommes versées à certains membres du gouvernement.
Ces barrages se construisent sur des rivières intactes : les Bjelava, Mala Bjelva, Vrhovinska, Željeznica et Prača. Celui sur la Vrhoviska est parfaitement illégal : pas de permis. Les autres,eux, sont illégaux dans la mesure où aucun inspecteur ne peut se trouver sur place pour vérifier la conformité des chantiers aux lois et aux règles. Pas de protestations non plus des populations, qui sont confinées et soumises au couvre-feu ; les mouvements populaires sont mis au congélateur.
Une Coalition d’associations pour la Protection des Rivières a transmis un Appel au Premier ministre et au PR de Bosnie Herzégovine pour imposer un moratoire de ces travaux destructeurs d’un milieu unique, d’un véritable sanctuaire de ce qui ailleurs en Europe été irrémédiablement saccagé.
Des organisations de protection telles que le Centre pour l’Environnement ou Eko Akcija (Action Ecologique) soulignent que l’état d’urgence actuel devrait être une occasion de solidarité et d’utilisation pertinente de nos ressources, et non pas d’enrichissement crapuleux et d’opportunisme criminel.
En somme la préoccupation minimale dans ce genre de malheurs dûs à la négligence ou à la criminalité en col blanc, c’est d’éviter au moins que ne se produisent des destructions irrémédiables, de sauver encore ce qui peut l’être et de privilégier la Vie sur tout autre considération.
A consulter : http://wyborcza.pl/
https://balkanrivers.net/
http://www.ekoakcija.org/ (+387 33 717-291)
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