Développement économique : un nouvel outil en Alsace ?

Les agences de développement économique fusionnent enfin !

Notre éditorialiste Alain Howiller revient sur la fusion des agences de développement économique alsaciennes. Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(Par Alain Howiller) – En esquissant, en cette rentrée d’automne, quelques lueurs d’espoir pour la situation économique de l’Alsace (eurojournalist.eu du 23 Septembre), j’avais souligné les défis -nombreux- qu’il restait à relever pour permettre à l’économie alsacienne une reprise de la croissance : réaliste, j’avais conclu : «La sortie du tunnel tarde à se concrétiser !» La confirmation n’a pas tardé à se manifester : les derniers chiffres sur le chômage mettaient en évidence, après le léger répit du mois de Juillet, une nouvelle progression (+20.000 chômeurs un mois,+4,6% en un an) sur un plan national. En Alsace, le nombre des sans-emplois franchissait le cap des 100.000 chômeurs (+4,8% en un an) : après avoir été, pendant des années, plus favorable dans la région, la situation s’y dégrade davantage que sur le plan national.

La dégradation de l’économie alsacienne a poussé la «Région Alsace» à s’investir davantage sur le plan économique (y compris dans le développement de l’emploi transfrontalier) : elle a été accompagnée aussi bien par la Chambre Régionale des Métiers, la Chambre d’Agriculture d’Alsace, les Chambres de Commerce et d’Industrie ou les municipalités (dont notamment Mulhouse ou l’Eurometropole strasbourgeoise qui a initié, dès 2009, son plan «Strasbourg 2020») qui ont essayé de favoriser le développement en aidant à restructurer, à former, à investir, à innover, à vendre (notamment à l’exportation).

Une trentaine de personnes concernées ! – Les «Conseils Départementaux» (ex-conseils généraux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin) ont décidé d’apporter leur «pierre» à l’édifice du développement : après une guerre de près de 70 ans au cours de laquelle chacun des deux départements voulaient avoir sa propre agence de développement (!). Pendant des années, elles se sont souvent littéralement marché sur les pieds, avant de trouver un équilibre dans l’action et d’aboutir maintenant à cette fusion entre le «Comité d’action économique du Haut Rhin – CAHR» et «l’Agence Economique du Bas-Rhin – Adira».

L’agence fusionnée, dont la création doit encore être officiellement ratifiée (une formalité) par les commissions plénières des deux assemblées départementales, prendra le nom de «ADIRA» : son directeur général sera le responsable actuel de l’agence bas-rhinoise. Le «siège social» de la nouvelle Adira sera à Mulhouse et le «siège fonctionnel» restera à Strasbourg, les effectifs (une trentaine de personnes) resteront déployés entre ces deux villes et Colmar. La fusion sera effective à compter du 1er Janvier 2016 !

Un président sacrifié ! – La décision de fusion a été accélérée par le fait que les départements devaient perdre leurs compétences en matière d’action économique, au profit des nouvelles 13 Régions (dont Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne) qui entrent en activité à partir de ce premier janvier. «Enfants» des départements, le CAHR et l’ADIRA auraient du, de ce fait même, disparaître : arguant des compétences qui leur restent (animation de proximités en liens avec les intercommunalités qui regroupent les communes, actions en matière d’emploi), les deux départements ont trouvé un accord avec un certain nombre d’intercommunalités (dont l’Eurometropole de Strasbourg et l’agglomération de Mulhouse) et ont pu ainsi favoriser la création de la nouvelle structure. Deux éléments ont certainement facilité la fusion : l’arrivée à la tête des deux département, d’une nouvelle génération d’élus et le fait qu’on ait pu écarter de la présidence de l’Adira, l’ancien président sénateur «Les Républicains» qui faisait l’objet d’un rejet de la part des élus socialistes de l’Eurometropole.

L’accord trouvé met un terme à une «gué-guerre» de près de 70 ans depuis la création par Pierre Pflimlin du «Comité d’étude et d’action pour l’économie alsacienne», suivie d’une scission entre le «CAHR» et l’ancien «Comité pour l’Economie Bas-Rhinoise». André Bord, président du Conseil Général du Bas-Rhin, ancien Ministre, créera avec son collègue haut-rhinois Georges Bourgeois une structure régionale : l’ADIRA. Celle-ci devait reprendre les structures départementales. Là, ces dernières reprendront le dessus. Une nouvelle structure régionale sera mise en place sous l’impulsion de Philippe Richert, Président de la Région Alsace : on ne cessera pas d’annoncer que l’agence régionale -qui deviendra «Agence d’Attractivité d’Alsace»- bénéficiera d’une fusion des agences départementales qui ne viendra jamais !

Toujours des recours contre la «méga-région de l’Est» ! – Une sorte de «gentleman agreement» répartira, néanmoins, les tâches entre l’agence régionale, chargée notamment d’attirer les investissements étrangers en Alsace («action exogène») et les agences départementales qui accompagneront («action endogène») le développement des entreprises sur le terrain, qui accompagneront les entreprises en difficultés pour trouver des solutions à leurs problèmes et éviter les licenciements. Cette «répartition» se révélera finalement à ce point satisfaisante que les départements s’efforceront de trouver des solutions de survie à travers la fusion.

Restent à trouver des solutions pérennes compte tenu des incidences de la réforme territoriale : quels liens pourront être tissés entre «l’ADIRA» et «l’Agence d’Attractivité d’Alsace» ? Quel sera l’avenir de cette agence dans le cadre d’une Alsace regroupée au sein de la «méga-région» Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne ? Quelle sera l’action économique menée par la future région regroupée ? Et, enfin, comment se concrétisera la future région après les élections régionales du mois de Décembre et dans l’attente du sort réservé aux recours déposés contre la tenue des élections et contre la mise en place de la «méga-région» sans organisation de la consultation prévue, pour ces cas, par la Charte des Pouvoirs Locaux du Conseil de l’Europe !

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