Dresde : un grand succès de la démocratie

35 000 manifestants dans la ville d’Auguste le Fort !

"La Liberté plutôt que la peur" : un rassemblement organisé par le collectif Unteilbar avait déjà rassemblé 240 000 personnes à Berlin, en octobre dernier ! Foto : C.Suthorn/Wikimédia Commons/ CC-BY-SA 4.0Int

(Marc Chaudeur) – En Saxe, tout comme dans le Brandebourg, les élections législatives régionales auront lieu le 1er septembre, dans une semaine. Pour bien marquer le coup, les démocrates avaient appelé à une manifestation samedi contre l’extrême-droite dans la grande ville saxonne : c’est-à-dire contre l’AfD, qui y exerce une puissante influence sur la vie politique et enregistre de très inquiétants résultats électoraux. Immense succès : la manifestation Unteilbar a rassemblé 35 000 coeurs.

Plus de 400 organisations avaient appelé à ce rassemblement : des syndicats, des associations œuvrant dans le social, les Eglises luthérienne et catholique, et une foultitude d’autres. Toues les générations étaient réunies , dont un groupe au nom réjouissant, mais aux visages imperturbablement sérieux : les « Grands-mères contre l’extrême-droite » (Omas gegen Rechts).

La situation est grave dans les Länder de l’Est , et il s’agissait de montrer sa détermination de se battre contre le fascisme et pour une société solidaire, unie, libre et ouverte. Unteilbar, le chapeau commun à d’importantes manifestations couronnées de succès depuis l’an dernier le signifie bien : le peuple est « indivisible ». C’est là aussi une manière de mettre l’accent sur la nature civile de la société… civile, justement : de s’inscrire diamétralement contre l’idéologie völkisch et Blut und Boden !

La souris nous tombe des mains lorsque nous écrivons de tels mots en 2019 ; mais hélas ! il s’agit bien de cela. Un très beau message lors de cette manif : « Nous ne laisserons pas l’extrême-droite opposer l’Etat social, les réfugiés et les migrants ! ». Et en effet, un Etat moderne doit chercher et trouver des solutions aux apparentes contradictions qui naissent d’une situation imprévue – mais non imprévisible. La Suède, par exemple, malgré les problèmes qu’elle rencontre inévitablement, montre que cela est possible.

Une rumeur répandue par les militants de l’AfD faisait courir le bruit que des autonomes d’extrême-gauche allaient perturber violemment le cortège. Une allégation absurde qui visait tout à la fois à effaroucher les participants et à jeter le discrédit sur une extrême-gauche qui, au contraire des insinuations de la droite extrême qui aujourd’hui, a malheureusement largement pignon sur rue, se montre bien plutôt trop discrète et peu présente.

Parmi les personnages politiques importants, du moins connus, qui ont participé à cette grande manifestation, on pouvait reconnaître le ministre fédéral des Finances et candidat depuis peu à la direction du Parti social-démocrate SPD, son camarade Thorsten Schäfer-Gümbel, le chef intérimaire du SPD avant les élections de la direction du SPD qui auront lieu cet hiver, les dirigeants de Die Linke Katja Kipping et Bernd Riexinger, et la moitié de la direction des Grünen en la personne d’Annalena Baerbock. Par ailleurs, des groupes de rock se sont employés à assourdir les participants afin qu’ils n’entendent plus la rumeur sus-mentionnée.

Les partis démocratiques pourront-ils renverser la vapeur avant le 1er septembre – et avant le 27 octobre pour les élections en Thuringe ? Selon les sondages concernant la Saxe, l’extrême-droite AfD atteindrait entre 20 et 25 % des voix environ, le SPD… 3 fois moins, Die Linke ferait un beau score d’environ 16 % ; les Grünen, qui ont considérablement progressé tout récemment (trop récemment) dans les Länder de l’Est, dépasseraient légèrement les 10 % des électeurs. La CDU arriverait en tête avec plus de 30% des suffrages.

Par l’éventuel jeu des alliances, l’extrême-droite n’est heureusement pas encore en tête ! Reste pourtant le danger de la porosité de la CDU (on n’est jamais sûr de rien avec ces gens là…) et les différences d’appréciation au sein du grand parti conservateur quant aux dangers que présente le parti extrémiste brun…

Les dangers de la banalisation, que le Français connaissent bien, semblent pourtant largement écartés par le fait des multiples comportements borderline et des scandales qui ont entaché le fonctionnement de l’AfD ces dernières années. Espérons que les électeurs saxons, brandebourgeois et thuringiens feront preuve de lucidité !

 

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