Economie : quand le chômage fait moins peur !

Alain Howiller sur l'évolution de la conjoncture. Car malgré la guerre en Ukraine, les élections présidentielles et la pandémie, la vie continue...

En vue des préoccupations des Français, on devrait voir de plus en plus ce genre de magasin... Foto: Miwok from France / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Alain Howiller) – Championne du monde pour la consultation de sondages, la France a découvert, non sans surprise, grâce… aux dernières consultations de l’opinion, que le chômage, hantise d’hier, ne figure plus parmi les premières préoccupations des Français : deux sondages -dont celui réalisé par Elabe.Opinion que BFM TV vient de publier, l’état du marché du travail et l’emploi, ne figurent plus qu’en septième position dans les soucis des Français ! Il est vrai que deux ans après l’irruption de la crise sanitaire, le marché du travail a retrouvé le niveau atteint en 2008 et le taux de chômage, que certains économistes voyaient atteindre voire dépasser les 10% à cause de la Covid-19, est tombé, d’après l’INSEE, à 7,4% de la population active ! Le taux était de 9,4% en 2017 !

Du coup, Elizabeth Borne, la Ministre du Travail, a cru devoir placer (à quelques semaines des élections présidentielles, il est vrai !) dans ses objectifs, un taux entre 5 et 6% qui correspondrait, en 2025, au plein emploi ! Un taux que l’Allemagne, avec 5,4% (en léger progrès par rapport au 5,1% d’il y a un an)(1) a atteint en attendant une amélioration au printemps, les prévisionnistes s’attendant au redressement d’une conjoncture qui, en l’état, peine !

Le variant Omicron : encore menaçant en Allemagne ? – Un léger redressement des exportations et de la production fortement impactée par les retards de livraison des matières premières et des composants électroniques, laisse espérer un rebond outre-Rhin. Prudent, le gouvernement allemand a néanmoins ramené les prévisions de croissance pour 2022 d’un taux de 4,1% à 3,6%, chiffre que rejoignent pratiquement les prévisions à 5,1% de la Fédération des Industries (BDI), mais que les dernières prévisions du « Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung – DIW » (Institut allemand pour la Recherche en Economie) de Berlin a ramené à… 3%, compte tenu de l’impact du virus « Omicron » dont la page, selon l’organisme berlinois, n’est pas tournée ! Ce n’est pas l’avis du gouvernement français qui table, quant à lui, sur un taux de croissance de 4% cette année.

Dans sa dernière note de conjoncture, la Banque de France, après avoir interrogé un échantillon de 8.500 chefs d’entreprises entre le 27.01 et le 3.02, note que « … l’activité a bien résisté globalement avec toutefois, des disparités sectorielles… l’activité a, en effet, très légèrement progressé dans l’industrie et le bâtiment. L’amélioration s’est poursuivie dans les services marchands… (mais) la restauration et surtout l’hébergement enregistrent un repli. Pour le mois de février, l’activité progresserait nettement dans l’industrie et les services, elle serait quasi-stable dans le bâtiment. »

La menace de la guerre en Ukraine. – L’activité, tant dans l’industrie que dans les services, continue de souffrir de difficultés de recrutement et si dans l’industrie, les difficultés d’approvisionnement s’étaient améliorées, il n’en va plus de même : 55% des chefs d’entreprises s’en plaignent ! Seuls 10% des responsables pensent que la situation sur le plan des approvisionnements s’est améliorée !

Il va sans dire que la situation internationale née de la guerre en Ukraine, les goulots d’étranglement existant sur le plan de la production et des transports en Asie et plus particulièrement en Chine, la montée des prix de l’énergie, continueront de peser. Les difficultés accompagneront la hausse des matières premières. L’un dans l’autre susciteront d’inévitables hausses de prix : de quoi contribuer à nourrir l’inflation.

Le pouvoir d’achat en tête des préoccupations. – Rien d’étonnant que, selon les sondages, ce soit le pouvoir d’achat qui figure désormais en tête des préoccupations des Français, devant le système de santé et l’environnement. Notons, au passage, que l’immigration, sujet-moteur pour certains candidats dans la campagne présidentielle française, ne se retrouve qu’au quatrième rang des préoccupations des Français (selon les sondages, entre 23 et 29% d’entre eux s’en soucient).

Dans le Grand Est, le mois de Février, d’après les chefs d’entreprise, aura sans doute marqué une légère reprise dans l’industrie, avec des recrutements, après un mois de Janvier où on avait assisté à un tassement. Les avis des chefs d’entreprise soulignent que les espoirs de reprise dans la région, sont en-dessous de ceux relevés au niveau national : il en va de même dans les services marchands où on s’attend, néanmoins, à un rebond à court terme, accompagné de recrutements. Interrogés, les chefs d’entreprises industrielles se plaignent évidemment des augmentations de coûts, qu’il s’agisse du prix des matières premières ou des tarifs de l’énergie. Le poids des prix de l’énergie les conduit à mettre en place l’utilisation optimisée pour la production des plages horaires où l’énergie est… moins chère !

Une approche qui illustre les efforts qu’un nombre croissant d’entreprises, dans les services (hôtellerie-restauration par exemple) comme dans le secteur industriel, doivent développer pour s’adapter, au-delà des mesures salariales, aux besoins qui, sur un marché du travail souvent tendu, ont émergé : en particulier dans le sillage de… la pandémie et des mesures de confinement ! Le télé-travail a suscité de nouvelles approches, la vie de famille s’est trouvée revalorisé, les horaires et le temps de travail doivent s’adapter… Le printemps 2022 ne fera pas que bourgeonner les arbres et qui sait ce que la guerre à nos frontières nous fera encore découvrir ou subir au sortir (?) de la crise sanitaire !

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