EDF : Non merci, Macron !

Menacée par l’ultralibéral projet « Hercule », EDF risque fort de se trouver aux antipodes des idées de justice sociale de son créateur.

Libéralisme et intérêt général, sont deux orientations diamétralement opposées. Foto: Benoît Prieur / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – La justice sociale, quant à l’accès à l’énergie, voulue par le ministre communiste Marcel Paul, à la création d’EDF en 1945, est aujourd’hui menacée par le dépeçage de l’entreprise, organisé par le pouvoir macronien. Aucune entreprise publique n’a jusqu’ici apporté un meilleur service aux usagers à la suite de sa privatisation. Par contre, ses heureux actionnaires ont vu leurs dividendes régulièrement augmenter, par un phénomène de vases communicants bien connu.

La théorie du ruissellement, véritable miroir aux alouettes, n’enrichit que les possédants. Quant à celles et ceux produisant la richesse, tombés aux mains du capitalisme financier, ils subissent dégraissages, plans sociaux et délocalisations, jusqu’à épuisement total de la ressource. Or, le « Projet Hercule » a d’herculéen seulement le nom, car son ambition n’est autre que l’enrichissement d’un microcosme, au détriment de la population.

Le fractionnement d’EDF en EDF Bleu, Vert et Azur, négocié entre le Gouvernement Français et la Commission Européenne, est un tour de passe-passe, dont les grossières ficelles devraient sauter aux yeux de n’importe qui, et normalement provoquer un mouvement de contestation. Mais la pandémie de Covid-19, ainsi que sa gestion pour le moins chaotique font écran, comme pour d’autres dossiers pour le moins explosifs.

Prémices de la privatisation, EDF Vert regrouperait les activités commerciales du groupe, les réseaux de distribution Enedis et les énergies renouvelables. Elle serait introduite en bourse à hauteur de 35%. EDF Azur, rassemblant les concessions hydroélectriques, dont les barrages, aurait un statut de « quasi régie ». EDF Bleu, détenue à 100% par l’État, regrouperait l’ensemble du nucléaire, ainsi que le réseau de transport d’électricité.

Il ne faut pas être polytechnicien pour le comprendre : la partie la plus coûteuse et la moins rentable de ce démantèlement, va revenir à l’État, et donc aux contribuables. Sans compter que la financiarisation rampante de la production de l’électricité, aboutira tôt ou tard et inévitablement à une hausse des tarifs, ainsi qu’à l’abolition de la péréquation tarifaire permettant jusqu’ici, une égalité des prix pour tous les consommateurs quelle que soit leur localisation.

La réussite de la transition énergétique, ne passe pas par la privatisation des moyens de production. Les énergies renouvelables remises progressivement aux mains de la finance, sont une garantie d’impasse de leur développement. Quand la recherche de rentabilité boursière prévaut sur la recherche elle-même, nous allons droit dans le mur, comme c’est le cas actuellement pour certains pans entiers de l’industrie pharmaceutique. Tout comme l’actionnaire passe avant le malade, il passera aussi avant l’abonné au réseau EDF.

Le modèle EDF, que l’on soit pro ou anti-nucléaire, a fait ses preuves dès sa création en termes de performance industrielle et de distribution. Même si le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA), devenu en 2010 le « Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives », a été également créé en 1945, il serait aujourd’hui particulièrement malhonnête de jeter le bébé EDF avec l’eau du bain… de refroidissement. Garantir la production et la distribution de l’énergie électrique à tout un chacun, doit dépasser les querelles partisanes.

C’est ensemble que nous réussirons la transition énergétique, et le capitalisme financier n’y aidera pas, car son insatiable besoin de rapides et croissants retours sur investissements, s’avère complètement incompatible avec l’objectif ambitionné. D’autant plus qu’en laissant à l’État privé de ressources, la charge de la dette d’un parc nucléaire vieillissant, nous ne pouvons nous attendre qu’à d’autres Fukushima. Un référendum sur la question de l’énergie est aujourd’hui plus que nécessaire. Les coloris vert, azur et bleu, ne constituent pas un arc-en-ciel, mais laissent plutôt présager d’un hiver nucléaire…

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