En Marsch ?

Emmanuel Macron a fait bella figura à la télévision allemande - en parlant d'un seul sujet, l'Europe. Foto: Screenshot Eurojournalist(e)

(KL) – Hier matin, les téléspectateurs allemands ont découvert le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron. S’il est vrai que Macron n’a pas laissé un souvenir fort en tant que ministre de l’économie, il a séduit hier le public allemand avec un seul sujet – l’Europe. A la fin de son intervention, la journaliste qui l’interviewait, s’exclamait : « Mais vous êtes le Barack Obama français ! ».

Pourtant, les deux chaînes publiques ARD et ZDF qui produisent cette émission matinale, n’étaient pas tendres avec Emmanuel Macron. Dans un clip le présentant, elles ont insisté sur son passé en tant que banquier, sur le fait qu’il avait abandonné lâchement son « père spirituel » François Hollande, mais dans l’interview qui suivait, Emmanuel Macron n’a parlé que d’une seul sujet, de l’avenir européen et du rôle que la France et l’Allemagne doivent jouer conjointement dans la relance des institutions qui actuellement, sont en panne.

Répétant ce qu’il avait déjà dit dans une interview avec la « Süddeutsche Zeitung », Macron a souligné que la chancelière Merkel avait sauvé les valeurs européennes en accueillant, en 2015 et 2016, un nombre incroyable de réfugiés, tout en marquant clairement une différence entre les termes « migrants » et « réfugiés ». Regrettant la position de la plupart des responsables politiques français sur la question, Macron a déclaré que seule l’Europe pouvait élaborer des solutions aux grandes questions de notre époque et qu’il allait tout mettre en œuvre pour raviver « l’axe Paris-Berlin » en cas de victoire, pour relancer l’Europe avec un projet ressemblant presque à une approche fédéraliste. « Si je gagne les élections, je viendrais le lendemain à Berlin pour lancer les travaux sur un nouveau projet européen », a dit Macron.

L’intervention d’Emmanuel Macron contrastait avec le discours des autres candidats à la présidence française qui eux, jouent majoritairement la carte d’un nationalisme qui va de « soft » à « dur ». Est-ce une question de génération ? Pour Macron, l’Europe est une évidence qui actuellement, ne fonctionne pas très bien et qu’il convient donc de rendre plus efficace. Mais, dans un monde globalisé, il n’y a pas d’autre option que de quitter la voie du nationalisme – seule une Europe forte, moderne, solidaire et humaniste pourra apporter des solutions.

Souriant, Macron a ainsi effectué une opération de charme vis-à-vis de l’Allemagne, ce qui pourrait, en cas de victoire du candidat, effectivement déclencher un dégel dans les relations franco-allemandes qui, sous le « couple » Merkel-Hollande, étaient particulièrement inefficaces. En mettant l’Europe au centre de sa campagne, Macron va là où les autres candidats ne veulent pas aller – au-delà des frontières nationales. Si l’interview était trop courte pour aborder des sujets de la politique nationale, de l’économie, du chômage, Macron a brillé et visiblement séduit le public allemand. Un Barack Obama français ? Vraiment ?