Entretien avec une personne non-vaccinée

La société française est divisée – les « bons », donc les vaccinés, pointent les « mauvais », donc les non-vaccinés, du doigt. Mais il est temps de reprendre le dialogue.

Les sérologies montrent si une personne dispose d'anticorps ou pas. Foto: Happi Raphael / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – La situation est presque la même partout en Europe. Si on arrive à des taux de vaccination entre 60 et 70% de la population, il reste un pourcentage important de personnes qui ne souhaitent pas se faire vacciner et ce, pour différentes raisons. Au lieu de les attaquer par des slogans, des injures et des menaces, il vaudrait mieux (re-)lancer un débat sociétal. Car finalement, nous nous trouvons tous dans la même galère. Interview avec Marie T. (n.d.l.r. : la rédaction ne divulgue pas le nom de la personne concernée).

Vous n’êtes pas vaccinée, pourquoi ?

Marie T. : J’ai eu le virus pendant la première vague dans une forme très grave. J’ai logiquement fait des sérologies pour savoir où en était mon immunité. Trois sérologies plus tard, la dernière datant d’il y a un mois, il s’avère que j’ai encore beaucoup d’anticorps développés naturellement lors de ma maladie. Je ne vois donc pas de raison de me vacciner, d’autant que l’on sait aujourd’hui qu’une personne vaccinée peut toujours s’infecter et infecter les autres. Le slogan « protégez-vous, protégez les autres » n’a plus cours.

Aujourd’hui, vous vivez « exclue » de la société, à moins de vous faire tester systématiquement. Que pensez-vous de l’abolition de la gratuité des tests ?

MT : Je pense que ce serait la pire des choses à faire, puisqu’à ce jour, c’est le seul moyen de savoir si l’on est malade ou pas et grand nombre de personnes n’aura pas le moyen de payer les tests. Si l’idée sous-jacente de cette mesure est de pousser les gens à se faire vacciner, je peux déjà vous dire que je ne le ferais pas. Je considère que ce n’est pas moi qui m’exclue de la société mais c’est la société qui m’exclut.

En Israël, avant de vacciner des jeunes, on effectue une sérologie. D’après vous, pourquoi on ne le fait pas en France ?

MT : Enfin ! Israël s’y met ! Je pense qu’il faudrait élargir les sérologies à toute la population. D’après mes informations, mes anticorps naturels sont les plus adaptés puisque créés par mon organisme et couvrant de ce fait, des spectres bien plus larges.

Est-ce que vous vous considérez comme une « anti-vaxx » ?

MT : Non, je ne suis pas une « anti-vaxx », je suis par ailleurs vaccinée et j’avais fait vacciner mes enfants comme il le fallait. Vous savez, il y a eu tant d’affirmations contradictoires. Prenez la durée de vie des anticorps. Au début, il était question d’un mois, puis de trois, etc. Aujourd’hui, dix-huit mois plus tard, j’ai encore des anticorps naturels ! Évidemment, je continue à appliquer les gestes barrières car le virus rôde encore.

Comment envisagez-vous la suite ?

MT : Je vais continuer à faire des sérologies pour savoir où j’en suis avec mon immunité naturelle. La finalité d’une vaccination est de stimuler le corps à produire des anticorps, anticorps que j’ai déjà en l’occurrence ! Donc, pour moi, la question ne se pose pas. Si la vaccination pouvait effectivement contribuer à protéger les gens autour de moi, bien-sûr que j’y réfléchirais. Mais actuellement dans les faits, ce n’est pas le cas et encore moins avec les variants Delta et Mu.

Comment vivez-vous les agressions, insultes et même menaces dont vous faites l’objet aujourd’hui ?

MT : Je suis devenue discrète quant à mon choix de ne pas me faire vacciner, car discuter de ce sujet est extrêmement difficile, voire impossible. Ce constat me rend très triste car là où nous devrions être solidaires et dans le respect du choix de chacun, on préfère cataloguer, menacer ou insulter. Lorsque j’échange encore avec des personnes vaccinées, la suspicion et le jugement prennent très vite le dessus. On m’accuse aujourd’hui de tous les maux concernant l’évolution de la pandémie. Vous savez, je me comporte de manière responsable et je me considère actuellement moins « dangereuse » qu’une personne vaccinée qui n’applique plus les gestes-barrière, qui n’effectue pas de sérologie mais qui peut, de ce fait, diffuser le virus à son insu.

Merci beaucoup pour cet entretien !

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