Est-ce que « Steadfast Defender » impressionnera Poutine ?

Dans quelques jours, l'OTAN organise une grande manœuvre militaire à l'est de l'Europe. 90 000 soldats pour faire peur à la Russie.

Espérons que "Steadfast Defender" ne soit pas une série de couacs... Foto: Bundesarchiv B145 Bild F073485-0009 / Arne Schambeck / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Depuis la fin de la « Guerre Froide », il s’agit de la plus grande manœuvre militaire organisée par l’OTAN. 90 000 soldats de 31 pays et suédois (en attendant que la Suède puisse rejoindre l’OTAN) seront mobilisés pour s’entraîner pour un scénario où la Russie s’attaquerait à un état-membre de l’OTAN, déclenchant ainsi l’article 5 du Traité qui prévoit que lorsqu’un état-membre est attaqué, tous les membres de l’OTAN doivent le défendre. Mais si on comprend que l’OTAN veut montrer à Poutine qu’une attaque, par exemple sur les pays baltes ou la Finlande, serait dangereuse pour la Russie, cette manœuvre n’est pas sans dangers.

« Steadfast Defender » (défenseur déterminé) comporte effectivement des risques. L’OTAN n’est actuellement pas vraiment en mesure de se frotter à l’armée russe et si jamais cette manœuvre ne se déroule pas comme prévue, elle pourrait avoir l’effet contraire. Mais le commandant de l’OTAN Chris Cavoli se montre optimiste : « L’alliance démontrera sa capacité de renforcer l’espace euro-atlantique en déplaçant des troupes américaines ». Mais est-ce que Donald Trump, potentiel futur président étatsunien, n’avait pas déclaré ne pas vouloir intervenir si l’Europe était attaquée ?

Des observateurs craignent des couacs surtout au niveau des 12 000 soldats allemands et de leur équipements qui, ces dernières années, ne fonctionnaient pas vraiment. Et rien ne dit pour l’instant que les soldats de 31 pays puissent vraiment coopérer comme il faut dans une situation qui se situe encore loin du stress d’un vrai combat.

Oui, l’OTAN veut manifester de la force et de la puissance, mais est-ce que cela suffira pour convaincre Poutine de stopper la guerre en Ukraine ? Force est de constater que la Russie occupe solidement environ 20% du territoire ukrainien, force est de constater que Zelenskyi ne veut pas négocier et que Poutine n’a plus besoin de négocier. Le souhait du président ukrainien de « régler ça sur le champ de bataille » est irréaliste, même si l’Ukraine s’est vaillamment défendu jusqu’ici. Mais la pression russe s’intensifie à la même vitesse que la force ukrainienne baisse.

Donc, l’OTAN se prépare aussi à une escalade de cette guerre qui peut encore se transformer en catastrophe continentale. « Si vis pacem para bellum », disaient les Romains, « si tu veux la paix, prépare la guerre ». Mais dans la région, la paix n’existe plus et l’OTAN commence à se préparer à faire ce que Zelenskyi veut – une intervention directe en Ukraine qui inévitablement, conduirait à la IIIe Guerre Mondiale.

Bien sûr, on ne peut pas se fier aux déclarations de Poutine qui dit ne pas vouloir s’attaquer à l’OTAN. Considérant ses difficultés de tenir depuis deux ans l’est de l’Ukraine, il est effectivement difficile d’imaginer que la Russie pourrait ouvrir un deuxième front.

Ce qui est regrettable, c’est qu’en parallèle, aucun effort n’est fourni pour forcer les belligérants à la table des négociations. Le « sommet pour la paix » que l’Ukraine veut organiser en Suisse, est une farce, puisque la condition sine qua non de l’Ukraine est que la Russie ne soit pas invitée. Mais avec qui veut-il alors parler de paix, si ce n’est pas avec son ennemi ? Très certainement, lors de ce sommet, Zelenskyi présentera sa liste de vœux et rappellera aux participants que l’Ukraine défend des valeurs européennes et la démocratie, narratif auquel plus personne ne croit depuis un bon moment.

Des deux côtés, le ton se durcit et aucune démarche n’est entreprise pour mettre un terme à cette guerre. Aucun système d’intelligence artificielle n’est utilisé pour élaborer un plan de paix, les sanctions contre la Russie sont contournées par ceux qui les ont décidées, aucun Plan B n’est sur la table, sauf le plan italien qui avait été immédiatement rejeté par Zelenskyi et Poutine.

Le terme « paix » est devenu un gros mot et ceux qui l’utilisent, se font traiter de tous les noms. L’Histoire nous enseignera si on avait raison de suivre Zelenskyi si aveuglement, l’Histoire nous enseignera de quelle façon se déroulera l’escalade de cette guerre. Tout ça pour retrouver plus tard une nouvelle fois l’Europe en ruines, comme notre continent l’a vécu deux fois pendant le siècle dernier, et tout ça pour que d’ici quelques années, on se retrouve lors des dates clé de cette guerre pour nous assurer mutuellement « jamais plus ça ». L’humanité n’a rien appris des deux guerres mondiales du siècle dernier, mais il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui, nous disposons d’armes qui n’ont rien à voir avec les armes utilisées à l’époque.

L’argument « il ne va quand même pas utiliser l’arme nucléaire » n’est qu’un vœu pieu et baser nos futurs stratégies sur cette « certitude », peut nous conduire dans le gouffre. Mais bon, maintenant place à cette manœuvre en espérant que les troupes de l’OTAN ne se ridiculisent pas…

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