Et après la social-démocratie, il y aura quoi ?

Le SPD allemand suit les traces du PS français. Mais une fois arrivé dans les abîmes de l’insignifiance politique, le SPD fera quoi ? Se réinventer ? Comme le PS ?

Est-ce que Martin Schulz est conscient que le SPD est en danger de mort ? Foto: Michael Lucan / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0de

(KL) – La social-démocratie allemande date de l’époque de la « Révolution de Mars » (1848) ; à l’aube de la création de l’État allemand, des « associations d’ouvriers » s’étaient créées (pour être interdites dès 1854), formant la base de ce qui allait devenir d’abord le SDAP (« Sozialdemokratische Arbeiterpartei Deutschlands ») fondé par August Bebel et Wilhelm Liebknecht, avant de devenir le Sozialdemokratische Partei Deutschlands (SPD) en 1890. Après environ 150 ans d’histoire, le SPD est maintenant sur les traces du PS français, vers sa propre disparition.

Il semble que ce soit le concept du pouvoir qui causera la perte du SPD. Malgré toutes les annonces du contraire, le SPD répète son erreur de 2013, en agissant uniquement dans l’intérêt d’Angela Merkel, au point de trahir ses plus profondes convictions pour le plaisir douteux de redevenir le « partenaire junior » de la chancelière. Comme en France, la base se révolte contre une direction du parti qui ne semble guère se soucier des souhaits de ses électeurs.

Le résultat des « pré-négociations » entre CDU/CSU et SPD constitue le dépôt de bilan de la social-démocratie allemande. Les « lignes rouges » que le SPD avait définies en amont de ces « pré-négociations » ont presque toutes été franchies.

Le SPD refusait la définition d’une limite au nombre de réfugiés à accueillir ? Il y aura une telle limitation. Le SPD voulait mettre en œuvre une assurance maladie généralisée pour tous les citoyens ? Elle ne verra pas le jour. Le SPD souhaitait faciliter le regroupement familial pour les réfugiés ayant obtenu l’asile ? Il n’en sera rien. Le SPD voulait augmenter les impôts pour les plus fortunés ? Proposition rejetée. A se demander pourquoi les responsables du SPD tiennent tellement à entrer dans cette nouvelle « Grande Coalition » qui risque de sceller le sort du SPD.

Le SPD ne semble pas avoir retenu la leçon du PS en France. Visiblement, on est persuadé au siège du SPD à Berlin qu’une idée aussi grande que la social-démocratie ne pourra pas mourir. Erreur. Les socialistes français, qui dominaient toutes les strates du pouvoir en 2012, se sont trouvés réduits à des scores faméliques aux présidentielles et législatives de 2017, montrant que rien n’est fait pour l’éternité, surtout pas une construction politique.

Le SPD est en train de creuser sa propre tombe. En tant que « partenaire junior », le parti de Martin Schulz (leader qui perd tous les jours un peu plus la confiance des Allemands…) risque de disparaître de l’échiquier politique au plus tard lors des prochaines élections. Déjà en 2013, lorsque le SPD aurait pu renverser Angela Merkel, disposant d’une majorité théorique à gauche (les votes du SPD, des Verts et de Die Linke auraient donné une courte majorité au Bundestag qui aurait permis d’élire un chancelier SPD), les socialistes avaient fait preuve d’une étrange peur de s’emparer du pouvoir. A l’époque, le SPD avait préféré soutenir Angela Merkel plutôt que de chercher le dialogue avec les autres partis « de gauche ». Et maintenant ?

Le SPD se réduit lui-même, à nouveau, au rôle de garant de majorité pour la CDU et Angela Merkel. Mais qui votera encore SPD à l’avenir, sachant que le vote ne profitera qu’aux conservateurs et à leur chancelière ?

La social-démocratie allemande joue actuellement sa survie. Mais ce ne sera pas en répétant les erreurs du passé qu’elle sauvera sa peau. Tout concourt, en plus, à renforcer l’extrême-droite pour les prochaines élections. Le dernier espoir du SPD réside maintenant en ses militants dont l’aval est nécessaire pour valider l’accord qui sera négocié entre les chefs des partis concernés. Auront-ils le courage de désavouer Martin Schulz ?

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