France – Allemagne : s’agit-il de la même pandémie ?

Les deux pays voisins gèrent la pandémie de manière différente. On pourrait finir par croire qu'il ne s'agit pas de la même pandémie. Et pourtant...

"On a très bien géré la crise", disait Ursula von der Leyen devant le Parlament Européen. Une auto-satisfaction totalement déplacée... Foto: European Parliament from EU / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – L’état d’urgence sanitaire, en France, vient d’être prolongé jusqu’au 31 Juillet 2022. L’état d’urgence sanitaire, en Allemagne, sera levé fin novembre 2021. Comment se fait-il que deux pays voisins prennent des décision aussi différentes ? La réponse est aussi triste qu’évidente : parce que les gouvernements continuent à croire que l’on puisse combattre une pandémie au niveau national. Mais depuis maintenant presque deux ans, aucune des stratégies nationales ont pu endiguer cette pandémie qui elle continue à sévir.

Donc, en Allemagne, l’état d’urgence sera levé fin novembre de cette année. Est-ce que cela veut dire que le gouvernement fédéral veut décréter la fin de la pandémie ? Non, pire encore – le gouvernement fédéral se décharge ainsi sur les 16 Länder qui désormais, seront seuls responsables des mesures à prendre. L’état n’interviendra plus et laisse les Länder se débrouiller. Donc, on abandonne le combat contre la pandémie pour favoriser des « solutions » régionales. Difficile de faire moins efficace.

En France, par contre, la prolongation de l’état d’urgence sanitaire a été prolongé jusqu’au 31 juillet 2022, ce qui donne la main libre au président Macron qui lui, pourra continuer à décréter ce qu’il veut. Comme par exemple le report des élections présidentielles et législatives, en cas de besoin. Pendant l’hiver, Macron pourra décider de tout. Par exemple, il pourrait imposer de nouveaux confinements, des couvre-feu ou d’autres mesures contraignantes. Concernant le combat contre la pandémie, et c’est de ça qu’il devrait s’agir, ni l’approche française, ni l’approche allemande pourront endiguer cette pandémie qui elle, dans de nombreux pays (y compris européens), entre actuellement dans la « 5e vague ».

Bien entendu, les autres pays européens poursuivent des stratégies aussi erratiques que la France et l’Allemagne. La Grande Bretagne découvre actuellement que l’abandon de toute mesure sanitaire, y compris le port du masque et les distances sociales, n’a eu comme conséquence que le déclenchement de la « 5e vague » – avec à nouveau, jusqu’à 50.000 nouvelles infections tous les jours. Est-ce que cela motiverait le gouvernement Johnson de revenir sur cet abandon des mesures sanitaires ? Bien sûr que non, car cela reviendrait à un aveu de s’être trompé. Mais les gouvernements européens n’arrivent pas à admettre qu’ils puissent se tromper. Alors, chaque pays continue à poursuivre ses mesures inefficaces et cela ne fait qu’asseoir la pandémie pour très longtemps en Europe.

Dans d’autres pays comme la Lituanie, on reconfine déjà, ailleurs on ne jure que par de nouvelles doses de vaccins, encore ailleurs on mise tout sur un pass sanitaire dont l’inefficacité n’est plus à prouver. Mais quand est-ce que les gouvernements européens se décideront enfin de tenter de combattre cette pandémie ensemble ?

L’évolution récente montre clairement que cette pandémie est tout sauf finie et qu’elle est loin d’être sous contrôle. Il faudra combien de temps, combien de victimes, combien de dégâts économiques et humains avant que les gouvernements se décident de combattre la pandémie ensemble ? Est-ce que le manque de succès de toutes ces stratégies échouées ne suffit pas pour les motiver de tenter la seule chose qu’ils n’ont même pas discutée pour l’instant – une stratégie sanitaire européenne ?

Une chose est certaine – on ne peut pas simplement déclarer cette pandémie de « terminée » au niveau politique. Le virus avec ses variants se fiche pas mal des décisions politiques et tant qu’on lui permet de circuler comme on le fait actuellement, il circulera, il mutera, il continuera à causer des dégâts.

La défaillance totale des institutions européennes dans cette situation ne nous a pas épargné leurs déclarations vaniteuses. Le discours de la présidente de la Commission Européenne devant le Parlement Européen à Strasbourg, où elle a osé dire que l’Union avait superbement géré cette crise, était aussi choquant que le fait que les eurodéputés avaient applaudi des deux mains ce discours honteux. Dans la tour d’ivoire des institutions, les responsables ont beau être auto-satisfaits, les faits et les chiffres sur le terrain parlent une toute autre langue.

Tentons un pronostic : tant que chaque pays continue à vouloir combattre cette pandémie au niveau national, régional et même local, cette pandémie restera avec nous. Et un moment donné, ce sera intéressant d’apprendre pourquoi les responsables des états-membre de l’UE refusent depuis deux ans de tenter la seule approche qui aurait une vraie chance d’aboutir – la harmonisation des mesures sur tout le continent.  Elle est belle, cette Europe…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste