Germanofilms : Le silence de Gerda

A presque 90 ans, Gerda a rompu son silence. En racontant son destin terrible. Foto: Piffl-Medien.de

(KL) – «Gerdas Schweigen / Le silence de Gerda» de Britta Wauer, qui passe cette semaine deux fois au Cinéma Odyssée à Strasbourg, est un documentaire qui, de manière simple, authentique et proche, raconte l’histoire terrible de Gerda, une survivante du camp d’Auschwitz qui, après avoir refoulé pendant toute une vie un traumatisme pesant, se voit confrontée à son passée à l’age de 90 ans. Ce film devrait être visionné obligatoirement par tout personne qui a l’intention de voter dans deux semaines pour un parti politique qui prône la haine, le nationalisme et l’aggressivité vis-à-vis de ceux qui sont différents.

Dans le camp de la mort à Auschwitz-Birkenau, Gerda, une jeune juive ayant pu se cacher à Berlin jusqu’en 1944, met au monde un bébé qui meurt d’inanition. Pour Gerda, au milieu de la pire horreur humaine, le traumatisme de voir sa fille mourir, allait durer toute sa vie. Après avoir survécu miraculeusement Auschwitz, elle émigre à New York et épouse un homme, lui aussi survivant de l’Holocauste. Toutefois, elle ne veut pas affecter leur fils en lui révélant l’existence de Sylvia, le nom qu’elle donne à sa sœur assassinée. Donc, elle garde son traumatisme, son secret et en souffre silencieusement. Presque pendant toute sa vie. Mais un jour, son neveux va brisera le tabou.

Après une longue hésitation, Gerda accepte de répondre aux questions de son neveu Knut Elstermann, un journaliste connu. A presque 90 ans, elle arrive à se livrer enfin, sous la condition que son fils n’apprenne rien de son histoire. Pourquoi n’a-t-elle jamais parlé de son drame ? Pourquoi tout raconter à Knut Elstermann ? A la fin de sa vie, Gerda partage sa vie avec les générations futures.

Ce film raconte un destin humain que l’on ne trouve jamais dans les livres d’histoire. Dans les livres d’histoire, les scientifiques se limitent souvent aux faits militaires et aux chiffres. Tant de personnes tuées. Un tel territoire occupé et libéré. Mais les drames tels que Gerda l’a vécu, personne ne s’y intéresse.

Le film «Gerdas Schweigen / Le silence de Gerda» a l’énorme mérite d’immortaliser la connaissance de ce que la guerre et l’inhumanité font réellement aux victimes de la guerre et de la barbarie.

Et il convient d’applaudir des deux mains ce cycle «Germanofilms» porté par l’Institut Goethe et le Cinéma Odyssée. Présenté en version allemande sous-titré français, «Gerdas Schweigen / Le silence de Gerda» est un film qu’il faut voir. Pour comprendre le passé. Pour comprendre ce que le fascisme et le nazisme sont réellement. Pour comprendre que la barbarie humaine n’a pas de limite sauf celle qu’on lui impose collectivement.

Jeudi 15 mai à 20h30 et samedi 17 mai à 12h15
Cinéma Odyssée, 3 Rue des Francs Bourgeois, Strasbourg
«Gerdas Schweigen / Le silence de Gerda»