Gestation d’un nouveau parti politique citoyen

A Strasbourg, mercredi soir, les « Citoyens engagés » se sont lancés. Un nouveau parti politique qui se propose comme une alternative au marais politique de la ville.

Le lancement des "Citoyens engagés" à Strasbourg apporte un vent frais dans la politique locale. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Salle comble mercredi soir au « Claridge’s » à Strasbourg – les « Citoyens engagés » avaient invité à leur soirée de lancement de ce nouveau parti qui entend être présent dans la politique de la ville. Porté par des citoyens par ailleurs connus pour leur engagement associatif dans la capitale européenne, les « Citoyens engagés » veulent intégrer le débat politique et faire peser la voix des citoyens et citoyennes. A leur tête, ils ont élu Chantal Cutajar, maire adjointe à la démocratie locale, qui œuvre depuis des années pour une véritable participation citoyenne à Strasbourg.

Il y en a qui disent : « il faut mettre l’Homme au cœur de notre action » et à vrai dire, aucune formation politique existante ne tient un autre discours. Pourtant, que ce soit au pouvoir ou dans l’opposition, cette phrase reste un slogan électoral. La nouvelle présidente des « Citoyens engagés », Chantal Cutajar, elle, n’en parle que peu, mais elle le fait. Que ce soit le « PACTE pour la démocratie locale », le « Budget participatif » (qui après le succès de sa première édition se lance maintenant dans sa saison 2), le « Conseil des résidents étrangers » – Chantal Cutajar a apporté la preuve qu’elle ne reste pas dans l’habituel discours politique stérile, mais qu’elle travaille sur le terrain, dans une perspective de co-construction avec le monde citoyen.

Lors de la soirée de lancement mercredi, ce sont d’abord les citoyens qui ont pris la parole, et il s’agissait de « vrais » citoyens – et non pas d’anciens de ceci ou de cela qui essayent de se recycler dans une nouvelle formation politique, mais de citoyens et citoyennes qui s’engagent dans leurs quartiers, sur des sujets concrets et qui mériteraient amplement leur place dans le débat politique de la cité. Que l’un ou l’autre orateur soit ému de parler devant un public, cela ne pose pas de problème. Au contraire. Les récits de ces citoyens qui n’ont peut-être pas l’habitude de s’exprimer en public, mais qui ont l’habitude d’œuvrer sans compter les heures dans leur environnement immédiat – cela vaut bien les discours lisses des éternels politiciens qui changent de sensibilité comme d’autres changent de chemise lorsqu’il s’agit de glaner une investiture quelque part.

Détail intéressant et important à la fois – les « Citoyens engagés », ce n’est pas un nouveau parti créé par une femme politique, mais c’est un mouvement politique citoyen qui s’est choisi sa présidente dans le monde politique. Déjà, ce format est prometteur : du coup, les citoyens ne sont pas les « idiots utiles » auxquels on fait appel lorsqu’il s’agit de tracter ou d’élaborer des idées politiques, mais Chantal Cutajar n’est autre que la figure de proue, la porte-parole de ce mouvement citoyen.

Le constat de la situation actuelle dressé par « Citoyens engagés », mercredi soir, est clair – on ne peut pas continuer comme on a toujours fait, il est temps que la politique change fondamentalement d’orientation. Que ce soient les inégalités sociales, des franges de la population décrochées, les problèmes environnementaux ou encore l’utilisation de l’argent public – il est temps de construire autre chose au lieu de promettre des réformes pendant les campagnes électorales qui, une fois les élections consommées, tombent dans les oubliettes.

Les « Citoyens engagés » seront donc la grande inconnue lors de l’élection municipale 2020 à Strasbourg. Ils travaillent actuellement, comme le font beaucoup d’autres, dans des ateliers qui préparent un programme et, détail agréable, le tout sans qu’une bataille des égos n’ait lieu. Ils ne parleront « liste » et « candidat.e.s » qu’à partir du moment où ces citoyens et citoyennes engagés auront défini leur programme.

En vue de l’engouement pour cette soirée de lancement, on est en droit de penser que si ces personnes engagées portent cette nouvelle approche politique dans leurs quartiers, il y a des chances qu’elle puisse motiver les habituels abstentionnistes à se laisser tenter d’aller voter en 2020. Et si c’était le début d’un nouveau chapitre politique dans la capitale de l’humanisme rhénan ? A suivre.

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