Grèce : la peur européenne de la démocratie

Le «coup d’état» de l’UE, du FMI et de la BCE en Grèce risque de ne pas aboutir – Alexis Tsipras montre aux corrompus de Bruxelles ce que c’est que la démocratie.

Le comportement des créanciers de la Grèce constitue une attaque sur le concept de la démocratie. Foto: David Drexler / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Pour la politique européenne, c’est un scandale. Alexis Tsipras ose consulter son peuple sur une question aussi cruciale que les mesures d’étranglement que les créanciers tentent d’imposer à la Grèce pour que le pays puisse obtenir l’argent qui servirait exclusivement à satisfaire les banques ayant financé les gouvernements précédents. Demander l’avis au peuple ? L’Europe est scandalisée et retire son offre généreuse qui prolonge les souffrances du peuple grec. Et qui, par le même biais, enléverait l’objet du référendum. Dans un premier temps, les ministres des finances européens ont rejeté la prolongation du programme d’aide européen – que la Grèce avait demandé pour une durée de quatre semaines, pour pouvoir trouver un accord. Voilà la première punition pour un pays qui a eu le cran de voter pour un gouvernement de gauche.

Le dossier de la Grèce montre clairement comment les puissants en Europe interprètent le terme «démocratie». Le peuple est là pour payer l’ardoise que les banques et les marchés financiers laissent régulièrement, lorsqu’elle perdent de l’argent dans des spéculations. Mais donner son avis sur un paquet de mesures qui rendra la vie encore plus compliqué au peuple grec ? Jamais de la vie ! L’UE se fiche pas mal des conditions de vie des gens – hoplà, on augmente la TVA, le prix de l’électricité et on baisse encore les retraites – de préférence, sans demander l’autorisation à personne. Seulement, Alexis Tsipras, chef du gouvernement du pays ayant «inventé» la démocratie, n’entend pas de cette oreille-là.

Les réactions presque hystériques des responsables européens et des grands organismes financiers à la perspective d’un référendum le 5 juillet prochain, disent long sur la conception de la démocratie en Europe en l’an de grâce 2015. Elle a été abolie et l’incompréhension des Européens face au plan de ce référendum en est la preuve. Les peuples sont là pour servir les objectifs des marchés financiers qui, tout comme les services secrets, sont devenus des «états dans les états», disposant d’une puissance supérieure au monde politique qui lui, se trouve relégué au rôle d’un simple agent chargé de créer et de maintenir le cadre dans lequel les vrais potentats, les fonds d’investissement et les multinationales font leurs affaires. Demander l’avis au peuple – on aura tout vu !

Le totalitarisme économique qui contrôle l’Europe et finalement, le monde, ne connaît plus de limites. Ce qui fait d’Alexis Tsipras un porteur d’espoir non seulement pour le peuple grec, où il reste en tête des sondages malgré les tentatives répétées des Schäuble, Dijsselbloem & Cie. de déstabiliser le gouvernement, mais également pour les autres peuples européens qui risquent tous de connaître le même sort que la Grèce.

L’idée que les créanciers de la Grèce puissent vouloir interdire l’organisation de ce référendum le 5 juillet, constitue non seulement une ingérence insupportable dans la politique grecque, mais carrément un attentat sur la démocratie en Europe, avec comme unique bénéficiaire, les marchés financiers. Comme d’habitude. Mais l’époque de ces profiteurs touche à sa fin. Vivement la création d’un mouvement «Syriza-Podemos» paneuropéen, d’un cadre permettant à tous ceux qui ne se retrouvent plus dans les CDUPSREPSPD, d’exprimer une conviction européenne, humaniste, solidaire et axée sur le bien-être des peuples.

Le 21e siècle veut qu’un nouveau système de société soit instauré – un système qui ne favorise pas ceux qui ne travaillent pas, mais qui en récoltent les fruits, un système qui prévoit une repartition juste des richesse, un système pour lequel la solidarité internationale ne soit pas qu’une vaine expression. Le 5 juillet 2015 n’est pas seulement un jour important pour l’émancipation de la Grèce vis-à-vis des «marchés», mais une date qui pourrait rendre un sens au terme «démocratie» en Europe. Tout vrai démocrate se doit d’être solidaire avec la Grèce et le peuple grec aujourd’hui – l’ennemi n’est pas un peuple qui s’écroule sous des dettes ayant profité aux créanciers, mais les marchés financiers qui rendent la vie impossible à une large portion des populations européennes !

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