Greta Thunberg pointe l’Europe du doigt

La jeune militante suédoise a vivement dénoncé la Politique Agricole Commune (PAC) de l’Union Européenne. Ce qui nous est annoncé comme une « révolution », n’est autre que le maintien du statut quo.

Greta Thunberg se demande où est le "Green Deal" européen... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Et le « Green Deal » alors ? La Politique Agricole Commune (PAC), telle qu’elle est menée par l’Union Européenne, est le résultat de pressions de lobbys, d’intérêts nationaux et avec les environ 400 milliards d’euros alloués au budget de l’agriculture, l’Union Européenne ne fait que cimenter le statut quo. La plus grande partie de ce budget sera versée sous forme de subventions aux grands agriculteurs industriels, donc ceux qui continueront à polluer et à produire des aliments industriels. Une fois de plus, les institutions européennes ont loupé une occasion de changer d’orientation et de rendre l’agriculture plus durable. Greta Thunberg a raison de dénoncer cette politique qui en plus, nous est vendue comme un grand pas vers une Europe plus écologique.

Le principe est simple. Les agriculteurs européens touchent des subventions en fonction de la surface de leurs terres exploitées. Donc, plus les terres sont importantes, plus les subventions sont juteuses. Les petits, les producteurs bio et régionaux, ceux qui s’opposent aux « goulags » d’animaux, touchent moins. Mais ce n’est pas en favorisant les mégastructures agro-alimentaires que l’on incite l’agriculture de produire autrement. De nombreux écologistes avaient nourri l’espoir que l’Union Européenne puisse afficher un peu plus de courage en proposant aux agriculteurs une récompense pour une production plus durable, plus saine, plus humaine. Mais cet espoir a été anéanti par le travail de lobbys qui, à Bruxelles, dictent la marche à suivre à toutes les institutions européennes qui s’y trouvent. Conseil Européen, Commission Européenne et maintenant aussi le Parlement Européen, ne sont visiblement pas en mesure de se défendre contre la mainmise de ces lobbys sur la politique européenne.

La PAC, telle qu’elle a été votée par le Parlement Européen la semaine dernière, a suscité de vives critiques par tous ceux qui souhaitent que ce « Green Deal » soit réalisé. Pour Greta Thunberg, l’objectif de la PAC est clair : « Onze mois après que le Parlement européen a déclaré l’urgence climatique, ce même parlement a voté la poursuite d’une politique agricole qui en résumé, alimente la destruction écologique avec près de 400 milliards d’euros », a-t-elle déclaré.

Et force est de constater que le « Green Deal », ce ne sera pas pour cette génération de responsables politiques. Le « Green Deal », en l’état, c’est de la communication politique et tant que les agents des lobbys qui siègent dans nos parlements définissent la politique, rien ne changera, hormis quelques mesurettes dont l’objectif principal est de se donner une bonne conscience.

Il faudra trouver rapidement des compromis acceptables entre différents impératifs. L’agriculture nourrit la population, elle doit être soutenue, mais elle doit aussi être menée de manière durable. Une agriculture durable et donc biologique coûte plus cher que l’agriculture des mégastructures. La question si l’agriculture adopte une perspective plus durable et saine, relève donc d’un choix politique. Et ce choix a, une nouvelle fois, été reporté à une date ultérieure. Au lieu de commencer à mettre en œuvre le « Green Deal » qu’Ursula von der Leyen avait annoncé, on continue à favoriser ceux qui exploitent leurs structures de manière peu respectueuse de l’environnement et de la nature. Et après, on s’étonne que Greta Thunberg et la jeunesse européenne n’applaudissent pas ?

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