Harcèlements…
Interview avec le directeur du campus de l’ISEG Strasbourg, suite à la révélation des scandales de harcèlement et de viols dans des Grandes Ecoles.
(KL) – Depuis 1985, Erick Hamel, le directeur du campus de l’ISEG Strasbourg, grande école de marketing et de communication, est dans l’enseignement. Responsable de différentes structures au cours de sa carrière, Hamel a pris les devants de ce fléau qui est le harcèlement. Interview.
En peu de temps, la France a été choquée par plusieurs scandales. D’abord le rapport accablant l’église catholique avec 330.000 cas d’abus sexuel au sein de l’institution, ensuite le scandale de CentraleSupélec et d’autres grandes écoles. Comment avez-vous appris ce qu’il se passe dans ces établissements ?
Erick Hamel : Vendredi, lorsque je me rendais en voiture au Salon des Grandes Ecoles à Nancy, l’information passait toutes les 15 minutes sur les grandes stations radio nationales. Harcèlements, viols, je ne croyais pas mes oreilles. Des Bureaux d’étudiants qui organisaient des beuveries, pour rendre des étudiantes bourrées pour pouvoir en abuser, j’étais horrifié.
Quid de la responsabilité de ces écoles ?
EH : Vous savez, il y a différents niveaux à cette situation. Il y a, bien entendu, une dimension juridique et il conviendra d’enquêter avec précision sur ces incidents. Mais après, il y a une dimension tout simplement humaine. Je suis moi-même père de filles, et avant d’envoyer l’une de mes filles dans un établissement où soi-disant on forme l’élite de la France, je voudrais quand même la savoir en sécurité et cette sécurité, aujourd’hui, ne semble pas assurée, du moins dans certains établissements. J’avais toujours le sentiment que ce soient les grandes écoles qui fixent le cap sociétal et qui, par conséquent, on un certain devoir d’exemplarité. Lorsque je suis arrivé au Salon des Grandes Ecoles, j’ai rencontré des parents qui me posaient la question comment l’ISEG gère le problème des harcèlements.
Alors, posons la même question : comment se présente la situation dans votre établissement, le campus ISEG Strasbourg ?
EH : Nous avons établi une toute autre culture de protection de nos étudiantes et étudiants. Nous avons enregistré des très rares cas de harcèlement chez des étudiantes et étudiants qui étaient en alternance dans l’entreprise. Mais même s’il n’y a pas eu beaucoup de ces cas, nous avons immédiatement réagi.
Depuis 3 ans, j’ai nommé deux référents sur notre campus, un référent Handicap, une fonction assurée par le vice-président de l’association « Vaincre la mucoviscidose » qui s’occupe de nos étudiants en situation de handicap et un référent Harcèlement, qui chaque année, à la rentrée, définit pour les étudiantes et étudiants les différentes formes de harcèlement. Ce référent est un ancien général divisionnaire de la gendarmerie et il tient une permanence tous les vendredis sur le campus, où les étudiantes et étudiants peuvent s’adresser à lui pour chercher des solutions immédiates à ce genre de problème.
Et vous avez donc rencontré ce genre de problème, même dans votre établissement ?
EH : Surtout à l’extérieur, mais notre responsabilité pour nos étudiantes et étudiants ne s’arrête pas à la porte d’entrée. On avait des cas où des étudiants noirs se sont fait insulter et agresser dans le tram, lors de stages en entreprise, il y a eu des cas de harcèlement, mais grâce à notre référent Harcèlement, les instigateurs de ces actes ont pu être identifiés et ils ont du faire face à des procédures juridiques. Ceci dit, le plus important dans ces cas, c’est que les étudiantes et étudiants concernés aient confiance en leur encadrement. Lorsque j’ai entendu « je préfère ne pas faire de vagues, s’il le faut, je vais recroiser cette personne plus tard dans la vie professionnelle et je ne veux pas que ça me porte préjudice », j’ai décidé d’agir immédiatement et fermement.
Je vois cette question autant en père de famille qu’en directeur de campus. Face à de tels agissements, nous avons une politique « zéro tolérance » et notre règlement interne est très clair et strict sur la question. Nos étudiantes et étudiants, mais aussi leurs parents, doivent être assurés que de tels déboires ne puissent pas se produire dans notre établissement.
Monsieur Hamel, merci pour cet entretien !
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