Hongrie : mouvements sociaux contre Orbán (suite)

Les manifestants ne faiblissent pas

Lieu central où se tiennent toutes les grandes manifestations à Budapest, la Place des Héros Foto: Mikimami / Wikimédia Commons / CC-BY-SA PD

(MC) – Samedi dernier, le 5 janvier, ont eu lieu de très importantes manifestations à Budapest et dans la plupart des villes de Hongrie, même de petite taille. La situation est de plus en plus sérieuse, puisque les syndicats menacent d’une grève nationale le 19 janvier prochain. Un événement fort rare dans la Hongrie de l’après 1940.

C’est la troisième fois consécutive que les Hongrois se rassemblent ainsi. Il s’agit d’un mouvement social d’ampleur, qui réunit tous les partis d’opposition, de la gauche écolo à l’extrême-droite du parti Jobbik, et diverses catégories socio-professionnelles. C’est un mouvement de fond, l’expression d’un ras-le-bol puissant à l’égard du régime national-populiste de Viktor Orbán, le dirigeant qui revient tout juste du Brésil où il a tendrement congratulé le président fasciste récemment installé.

Il n’en reste pas moins que les syndicats, depuis le mois de décembre, ont formulé 4 revendications essentielles que László Kordás, le dirigeant du principal d’entre eux, le MaSzSz (Fédération des Syndicats hongrois) a répétées avec force samedi sur la Place des Héros de Budapest, où 10 000 personnes au moins s’étaient rassemblées. Il s’agit de l’abrogation de la loi sur les heures supplémentaires (voir nos articles précédents), d’une hausse de 10 % du salaire minimum pour cette année, de la construction d’un système de retraite plus flexible et du retour de la retraite anticipée, du renforcement du droit de grève et de l’instauration d’un dialogue social entre gouvernement et syndicats. Ces derniers ont rédigé une pétition qu’on peut lire sur le site hongrois aHang (https://ahang.hu/) où ils exposent en détail leurs desiderata fondamentaux et leurs revendications sociales – et des vues impressionnantes sur les dernières manifestations.

Dans son discours, László Kordás a adressé un ultimatum au gouvernement : 5 jours pour aller à la table des négociations, ou bien le pays sera paralysé par des blocages, des manifestations et des grèves : « Nous allons bloquer les lieux de travail, les routes et les ponts. Le pays sera paralysé, et Viktor Orbán sera seul responsable. » Ensuite, Bálint Misetics, militant pour le droit au logement, a tenu un discours qui se terminait par : « Vive la désobéissance civile ! Vive la grève ! Vive la République ! » Un vivat plutôt radical et qui donne une idée de l’ampleur de la révolte des citoyens hongrois…

C’est le parti Momentum, qu’on peut qualifier de libéral, qui a été le plus actif, à Komló, à Pécs (1000 manifestants), à Szolnok, à Békéscsaba, à Szeged (2000 manifestants) et dans la plupart des villes. Ce parti, le parti aux couleurs violettes, se veut un parti de jeunes, qui prétend dépasser l’opposition droite-gauche – un parti à la fois libéral, conservateur, patriotique et très europhile (comme l’est d’ailleurs l’écrasante majorité des chefs d’entreprise, à raison!).

A Pécs, 2 orateurs ont tenu des discours marquants et très significatifs : Balázs Nemes, membre du parti Momentum, et le syndicaliste Norbert Benke. Ce dernier a déclaré notamment : « Nous n’avons pas peur de soutenir nos revendications ; nous ne les laisserons pas nous prendre notre liberté. 2019 sera l’année de l’opposition ! »

La situation sociale et politique connaîtra indéniablement des changements considérables durant cette année 2019 qui s’ouvre. Espérons que ce sera pour le mieux… Nous n’en doutons guère.

Espérons aussi que sera épargnée à la Hongrie et à Budapest, grande ville d’un million 800 000 habitants, une évolution de type français, avec l’amorphie, l’anomie et l’incertitude que cela suppose… Mais il y a peu de risques, à notre sens, tant la lutte hongroise est bien articulée.

 

 

 

 

 

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