Il leur aura fallu un an et demi…

Vladimir Poutine lors de l'inauguration d'un terminal LNG à Yamal. Foto: Kremlin.ru / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Dommage que les responsables politiques allemands ne lisent pas Eurojournalist(e) – autrement, ils auraient su depuis plus d’un an que l’Occident contourne ses propres sanctions en important même davantage de gaz russe qu’avant l’invasion de la Russie en Ukraine. Depuis plus d’un an, nous soulignons dans nos articles, la perversion occidentale qui finance la guerre pour la Russie, la défense pour l’Ukraine et qui a déjà promis de financer la reconstruction de l’Ukraine après cette guerre. Mais bon, il vaut mieux tard que jamais…

Les importations de gaz russe ont augmenté depuis l’invasion russe en Ukraine et les sanctions contre la Russie. Si ce gaz ne transite plus depuis un an par le gazoduc Nord Stream, il arrive, malgré les interdictions, par bateau sous forme liquide. Et les pays européens contribuent grandement à ce que la Russie puisse contourner les sanctions. Depuis 2022, la Russie a augmenté ses exportations de gaz liquide (LNG) vers l’Europe de 30% et compte même les tripler d’ici l’an 2030. Pour rendre cela possible, l’entreprise allemande Linde et l’entreprise française Technip ont réalisé à Murmansk, le projet de terminaux gaziers „Arctic LNG 2“ et lors de l’inauguration, Vladimir Poutine était présent. A l’ouest, tout cela n’a dérangé personne.

C’est la Belgique qui est particulièrement active dans la distribution du gaz russe en Europe. L’année dernière, l’entreprise belge Fluxys a géré 72% des distributions du gaz russe en Europe et ailleurs, ce qui s’explique par la taille du port d’Anvers qui dispose des infrastructures pour ces travaux. Ainsi, la Belgique, l’Espagne et la France ont même augmenté leurs importations de gaz russe depuis le début de la guerre et on ne peut que se réjouir que pour la première fois, un responsable politique allemand répète ce que nous écrivons depuis un an – nous remplissons les caisses de la Russie qui ainsi, peut continuer à financer la guerre en Ukraine ; nous finançons la défense ukrainienne et nous financerons la reconstruction du pays. Le tout pour permettre aux géants énergétiques russes et européens de réaliser des bénéfices pharaoniques, au prix de dizaines de milliers de vies et de la paupérisation de nos sociétés occidentales.

La Russie, elle, a vite appris. Depuis l’année dernière, elle multiplie les constructions de nouveau terminaux LNG et c’est particulièrement irritant que ce soient des entreprises françaises et allemandes qui ont effectué ces travaux et qui, grâce à leur expertise, continueront sans doute à le faire. Tous les jolis discours concernant les 12 « paquets de sanctions » sont de la hypocrisie politique, car le monde politique ne peut pas être sans savoir que non seulement, l’Occident contourne ses propres sanctions, mais qu’il a même augmenté le volume du commerce énergétique avec la Russie.

Mais que faut-il penser d’une politique occidentale qui finance les deux belligérants et qui fait donc son possible pour faire durer cette guerre meurtrière le plus longtemps possible ? Après, il ne faut pas s’étonner que personne n’exerce une vraie pression sur Poutine pour démarrer des négociations – dans le modèle actuel, la Russie et l’Ukraine gagnent très bien leur vie, tout en sacrifiant la jeunesse des deux pays. Mais tant que les criminels en costume-cravate peuvent se remplir les poches, il ne faut pas espérer la fin de cette guerre.

Heureusement que le Vert Anton « Toni » Hofreiter découvre enfin les réalités de cette guerre et qu’il dénonce cette corruption au plus haut niveau des états. Espérons qu’il se mette à lire Eurojournalist(e) à l’avenir, pour ne plus devoir attendre un an et demi avant de se rendre compte de ce qu’il se passe réellement.

Toutefois, il est plus qu’inquiétant de constater que le monde politique et le monde économique mentent aux populations, qu’ils sacrifient des vies humaines en Ukraine et la paix sociale chez nous, pour permettre au grand capital de contourner les sanctions et pour faire durer cette guerre, devenue modèle d’affaires, pour encore très longtemps.