Il y a 50 ans – référendum sur le « Grand Ouest »

Le 7 juin 1970, les Souabes et les Badois pouvaient se prononcer une deuxième fois sur l'appartenance au Bade-Wurtemberg. Le résultat était sans appel – en faveur du « Grand Ouest ».

Reinhold Maier était celui qui prononçait la naissance du Land Bade-Wurtemberg. Foto: Deutsche Bundespost / Wikimedia Commons / PD

(KL) – La gestation du Land du Bade-Wurtemberg était tout sauf facile. Une partie des Badois était opposée à cette fusion entre les trois Länder existants Baden, Württemberg-Baden et Württemberg-Hohenzollern. Jusqu’au 25 avril 1952, les Badois avaient rejeté cette fusion, de peur de « l’impérialisme souabe », mais ce jour-là, le Président du Land Bade déclarait la mise en œuvre du nouveau Land Bade-Wurtemberg.

La création de ce nouveau land dans le sud-ouest de la République Fédérale d’Allemagne faisait suite au référendum du 9 décembre 1951 – 69,7% des électeurs et électrices dans les trois petits Länder concernés avaient voté en faveur de cette fusion administrative qui donnait au nouveau Land, un tout autre poids dans la politique nationale en réduisant en même temps une triple administration triple à une seule administration.

Toutefois, les « autonomistes » badois allaient porter leurs griefs devant la plus haute cour allemande, le Bundesverfassungsgericht qui, lui, des années plus tard, estimait que les trois sous-régions du Land Bade-Wurtemberg avaient le droit de s’exprimer une nouvelle fois aux urnes. Ce deuxième référendum avait lieu le 7 juin 1970, il y a 50 ans.

Malgré les animosités qui peuvent exister entre Souabes et Badois, le résultat de ce deuxième référendum était sans appel – 81,9% des participants à ce deuxième référendum s’étant exprimé en faveur de l’appartenance au Bade-Wurtemberg, la question n’allait plus jamais se poser et la fusion était donc entérinée pour de bon.

Les 50 années qui suivaient donnaient raison aux gens du sud-ouest allemand. Cette fusion administrative n’avait en rien entaché les identités régionales, au contraire. Aujourd’hui, les jeunes Souabes se baladent avec des T-Shirts marqués « Fier d’être Souabe », tandis que les jeunes Badois portent le même T-Shirt, mais avec le slogan « Fier d’être Badois ». Et si Souabes et Badois ne s’aiment toujours pas, force est de constater que les deux profitent bien du statut du Bade-Wurtemberg qui, avec la Bavière, est considéré d’être le Land le plus performant au niveau économique.

Ainsi, le « Grand Ouest » allemand a fait ses preuves, mais il convient de souligner que les habitants et habitantes du Bade-Wurtemberg avaient, à deux reprises, la possibilité de s’exprimer aux urnes. Contrairement au « Grand Est » en France, cette fusion s’est donc faite dans les règles de l’art démocratique et la forte adhésion de la population à ce Land du Bade-Wurtemberg montre qu’une telle fusion administrative peut devenir une vraie « success story » où tout le monde est gagnant. Mais, décider d’une telle fusion sans laisser la population s’exprimer est une erreur démocratique.

Donc, champagne dans le Bade-Wurtemberg, ce Land des Souabes et des Badois, qui ne s’aimeront jamais d’amour, mais qui profitent intelligemment de leur gestion commune des affaires. L’histoire du Bade-Wurtemberg est un véritable succès n’ayant en rien affecté les identités régionales. La preuve, quand il le faut, on peut même coopérer avec des Souabes…

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