Joute verbale à Ankara

Le ministre des affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier (SPD), a dit ses quatre vérités à son homologue turc Mevlüt Cavusoglu lors de sa visite-éclair à Ankara.

Frank-Walter Steinmeier avait le courage de dire les choses clairement à Ankara. Foto: Michael Lucan / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0de

(KL) – Lundi, le ministre des affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier avait été désigné par les partis de la « Grande Coalition » CDU/CSU-SPD comme candidat à la présidence allemande. Fort de cette marque de confiance, Steinmeier s’est rendu mardi pour une visite surprise à Ankara où l’accueil était glacial. Lors d’une conférence de presse, le ministre des affaires étrangères turc Mevlüt Cavusoglu a cherché une confrontation verbale avec Steinmeier – qui a eu le courage de dire ses quatre vérités à Cavusoglu et la Turquie.

Au début de cette conférence de presse, Mevlüt Cavusoglu avait fait toute une série de reproches à Steinmeier, indiquant qu’il en avait « marre » que l’Europe fasse traîner les négociations sur une éventuelle adhésion turque à l’Union Européenne, suggérant que l’Allemagne protège les « terroristes » du PKK sur son territoire, déplorant que l’Allemagne refuse d’extrader des supporteurs du mouvement Gülen vers la Turquie. Au fur et à mesure que Cavusoglu s’attaquait à l’Allemagne et l’Europe, Steinmeier s’énervait, avant de prendre la parole et de dire ses quatre vérités à la Turquie.

Contrairement à d’autres qui n’ont pas osé prendre position, Steinmeier a trouvé des mots très clairs lors de sa visite, condamnant les arrestations de masse en Turquie et invitant le pays à de la « modération », tout en déclarant que les reproches formulés par son homologue turc étaient infondés.

Suite à cet échange assez violent, la conférence de presse fut écourtée avant que les journalistes allemands puissent poser leurs questions. Suite à un problème technique avec un micro entre les mains d’un journaliste allemand, Cavusoglu voulait détendre l’ambiance en essayant de faire de l’humour. « Vous voyez les problèmes que nous avons avec la liberté de la presse », disait-il et personne n’avait envie de rire dans un pays qui vient d’incarcérer toute la presse critique.

Quel contraste avec la visite du Secrétaire Général du Conseil de l’Europe Torbjörn Jagland à Ankara, lorsque ce dernier avait exprimé sa compréhension pour les « purges » effectuées par le régime Erdogan ! Il était temps qu’un responsable politique européen se rende à Ankara pour y dire ce que la grande majorité des Européens pense – la Turquie a quitté la « voie européenne » et Ankara est en train d’endommager profondément les relations avec l’Europe. Il fallait le dire. Frank-Walter Steinmeier a eu le courage de le faire.

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