Turquie – Allemagne : de mal en pis

Les relations entre l’Allemagne et la Turquie se dégradent de semaine en semaine. Pour la Turquie, l’Allemagne est devenu la cible préférée.

Erdogan hat momentan nicht allzu viele Fans in Deutschland... Foto: (c) Raimond Spekking / CC-BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons

(KL) – On ne parle même plus de ces insultes quasi-quotidiennes en provenance d’Ankara où les membres du gouvernement Erdogan ne loupent pas une occasion pour désigner l’Allemagne comme un pays nazi, un pays anti-européen, un pays qui soutient le terrorisme. Même si ce genre d’insulte venant de la part d’un régime totalitaire est presque honorifique, les relations entre les deux pays se dégradent de plus en plus – et on se demande quand est-ce que cela va cesser.

En Allemagne, on n’apprécie pas que le régime d’Ankara continue d’arrêter assez arbitrairement des ressortissants allemands, à l’instar du journaliste germano-turc Deniz Yücel dont la détention dure déjà depuis 200 jours. Considérant qu’une garde à vue peut durer jusqu’à 7 ans (!) dans l’état d’urgence de Recep Tayyip Erdogan, on comprend que les arrestations de ressortissants allemands inquiètent Berlin. Conséquence, le gouvernement a émis des « conseils de voyage » qui mettent en garde les touristes allemands quant au danger de se faire arrêter de manière arbitraire, y compris dans les centres touristiques.

Même si la Turquie se trouve loin, elle est plus proche qu’on ne le pense. Plus de 3 millions de Turcs ou de personnes d’origine turque vivent en Allemagne et y représentent majoritairement les idées de l’AKP et d’Erdogan – lors du référendum sur le changement de la constitution turque qui donnait les pleins pouvoirs au président-dictateur Erdogan, plus de 60% de cette population turque avait voté en faveur d’Erdogan, tout comme les communautés turques dans les autres pays européens.

Les candidats aux élections législatives en Allemagne, Angela Merkel et Martin Schulz, se font tous deux forts pour terminer les négociations européennes avec la Turquie, autant concernant une éventuelle adhésion de la Turquie à l’Union Européenne qu’une union douanière. La transformation de la Turquie en un état totalitaire a rendu tout rapprochement avec l’Europe impossible, laissant toutefois de nombreuses questions sans réponse. Quid de l’accord européen avec la Turquie concernant les réfugiés ? Etrangement, autant Schulz que Merkel souhaitent maintenir cet accord, et personne ne sait comment gérer la situation d’une Turquie membre de l’OTAN et en quête de nouveaux amis dans le monde arabe fondamentaliste.

La Turquie continue à chercher une confrontation permanente avec l’Allemagne – ce qui a engendré une dégringolade dans le tourisme turc qui auparavant, comptait pour plus de 13% dans le PIB turc. Aujourd’hui, les Allemands (à quelques exceptions près) n’osent plus passer leurs vacances en Turquie.

Et plus personne ne comprend où Recep Tayyip Erdogan veut conduire son pays. Le monde arabe le regarde avec autant de méfiance que la Russie et l’Europe et Erdogan risque d’isoler son pays de plus en plus. D’ici à ce que les relations diplomatiques entre la Turquie et l’Allemagne soient pour le moins suspendues, il n’y a pas de kilomètres. Et chaque jour, Ankara s’éloigne un peu plus de l’Europe. Mais jusqu’où ?

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