La Bundeswehr quitte la Turquie

Les soldats de la Bundeswehr stationnés à Incirlik en Turquie, seront transférés en Jordanie. Foto: US Air Force / Airman 1st Class Cory Bush / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Géographiquement, la Turquie n’est pas loin. Une partie du pays se situe sur le continent européen, mais dans la pratique, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan s’éloigne tous les jours un peu plus de l’Europe. Après de nombreuses provocations turques et l’interdiction de plusieurs élus allemands de visiter la base d’Incirlik où l’armée allemande, la Bundeswehr, effectue une mission pour le compte de l’OTAN, le gouvernement allemand a tout simplement décidé de fermer cette base en Turquie et de la transférer en Jordanie.

A Incirlik en Turquie, 260 soldats allemands effectuent une mission pour le compte de l’OTAN, effectuant des vols de reconnaissance avec des avions « Tornado » et un avion d’approvisionnement. Mais puisque la Turquie a interdit à plusieurs reprises des visites d’élus allemands sur cette base, le conseil des ministres a décidé de retirer immédiatement les soldats allemands de la Turquie et de les transférer en Jordanie. Puisque cette décision ne doit pas être avalisée par le parlement allemand, le retrait des soldats commencera immédiatement.

« Nous avons été très patients avec la Turquie », disait la ministre de la défense Ursula von der Leyen, mais assez est assez. Les provocations permanentes de l’administration Erdogan rendent cette mission OTAN impossible et le transfert de cette base vers la Jordanie, est portée aussi par le partenaire de la CDU, le SPD, dont le ministre des affaires étrangères Sigmar Gabriel a ajouté : « La Bundeswehr ne peut pas y rester ».

Le fond des provocations turques est l’asile que l’Allemagne a accordé à plusieurs officiers turcs impliqués dans le « putsch » de l’année dernière et soupçonnés d’être proches du mouvement Gülen et dont la Turquie demande l’extradition, chose que l’Allemagne refuse. En humiliant les élus allemands, la Turquie voulait exercer de la pression sur l’Allemagne pour mettre la main sur ces officiers ayant trouvé refuge en Allemagne.

Le fait que l’Allemagne se retire de la base d’Incirlik pour transférer ses soldats en Jordanie, pose un réel problème à l’OTAN et nécessite à ce que l’UE revoit sa position vis-à-vis de la Turquie. Si l’OTAN ne peut plus effectuer ses missions sur ses bases en Turquie, il faudra complètement repenser les relations avec la Turquie.

La Turquie de Recep Tayyip Erdogan ne partage plus les valeurs européennes et pas non plus les valeurs de l’OTAN. Pour l’instant, les réactions européennes et de l’OTAN face aux provocations turques restent molles – de peur de froisser le dictateur-président Erdogan qui est en train d’établir un état totalitaire. L’Europe ne doit pas seulement s’affirmer vis-à-vis de Donald Trump et de Vladimir Poutine, mais également vis-à-vis d’un président-dictateur dans un région à haute tension où Erdogan ne fait pas partie des solutions potentielles, mais carrément des problèmes. Dans cette perspective, la décision allemande de fermer tout simplement sa base en Turquie, est compréhensible.