La campagne en Allemagne…

… entre Merkel, Schulz et… Seehofer !

Mais qui arrive à manipuler qui ? Merkel Seehofer ou Seehofer Merkel ? Pas clair, tout ça... Foto: Martin Rulsch / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0

(Par Alain Howiller) – Plus l’élection présidentielle française s’enfonce dans l’amère confrontation d’élites en mal de considération, plus on a envie de jeter un œil par-dessus le Rhin pour voir comment se prépare le renouvellement des députés du Bundestag, à moins de six mois des élections législatives du 24 Septembre. Après l’élection, sans surprise ni suspense, du SPD Frank Walter Steinmeier à la présidence allemande, la coalition au pouvoir s’est attaquée à la campagne électorale : pas facile lorsqu’on mène ensemble un pays, de devoir s’affronter dans le cadre d’une compétition électorale, surtout si les partenaires encore au pouvoir ont tous les deux des arrière-pensées. L’un et l’autre « coalisé », n’ont-ils pas envie de changer de partenaire après Septembre ?

Après un léger dérapage de… Wolfgang Schäuble qui, dans une Interview, avait accusé Martin Schulz et le SPD de vouloir mener une campagne populiste « à la Trump », les choses sont, apparemment, rentrées dans l’ordre et les membres de la coalition se sont rencontrés, sous la présidence d’Angela Merkel, à la chancellerie ! Un contact qui aurait été inimaginable en France, Martin Schulz (une première) avait été invité de même que Horst Seehofer, l’éternel critique de la CSU bavaroise ! Les partenaires se sont entendus sur ce qu’ils comptaient encore faire ensemble les prochains mois.

« Mouiller »… Schulz ! – L’invitation de Schulz n’était pas… innocente : alors qu’il passe son temps à affirmer qu’il était un homme neuf et qu’il n’avait pas participé au gouvernement, il s’agissait de le « mouiller » dans la coalition au pouvoir ! Selon des indiscrétions, la coalition est tombée d’accord sur les efforts à faire pour rapprocher la rémunération des hommes et des femmes, de renforcer les peines pour les auteurs de cambriolages, d’interdire le mariage de jeunes de moins de 16 ans, de dégager des moyens financiers (100 millions d’euros) pour soutenir les programmes de prévention des activités extrémistes. La coalition n’a pas trouvé d’accord sur d’autres points, dont notamment des mesures pour faciliter et accélérer l’expulsion des étrangers coupables d’avoir fraudé sur les allocations sociales !

La définition de ce nouveau cap de la coalition n’empêchera sans doute pas que des incidents locaux puissent marquer la campagne électorale : les élections aux « Landtage » de Schleswig-Holstein (le 7 Mai) ou de Rhénanie du Nord-Westphalie (le 14 Mai) serviront de test ! Le bon déroulement des élections -fédérales- en Bavière sera un autre test avec un Horst Seehofer toujours imprévisible. Ne vient-il pas de remporter, au forceps, la bataille des péages autoroutier et routier ?

Péage allemand : effectif désormais ? – « Je ne vous dirai pas comment j’ai fait. Je garde l’histoire pour un livre que j’écrirai » : Horst Seehofer, le ministre-président de la Bavière, est content à la sortie de La réunion du Bundesrat. Quelques jours à peine après l’approbation par le Bundestag, il a réussi à faire adopter le péage autoroutier et routier par le Bundesrat. Le vote aurait du avoir lieu à l’automne : le ministre-président bavarois a réussi non seulement à avancer le débat, mais il a encore obtenu l’adhésion de la majorité de ses collègues.

Pourtant, une partie d’entre eux – représentants de zones frontalières- était hostile au projet du Ministre fédéral des Transports (…bavarois et membre de la CSU) ! Certaines indiscrétions font état du fait que Seehofer les a fait plier en menaçant de bloquer le système du versement des indemnités de péréquation qui doivent être versées aux « Länder » concernés.

Toujours est-il que désormais, le système des péages est en route : sans dérogations pour les frontaliers. Il devrait être mis en place, comme prévu, en 2019.

Dernier espoir : l’Autriche ! – Il ne reste plus qu’un espoir pour que les nouvelles dispositions soient remises en cause : la plainte que le Ministre autrichien des transports a décidé de déposer, à Luxembourg, auprès de la Cour Européenne de Justice pour discrimination. Le Ministre autrichien -que d’autres ministres de zones frontalières à l’Allemagne pourraient rejoindre- s’appuie sur le fait que les automobilistes allemands pourront déduire le montant de leur péage des taxes sur les automobiles, alors que les étrangers n’auront aucune compensation. Seuls les étrangers seront frappés pleinement du moins par le péage autoroutier car ils ne seraient pas concernés par le péage qui sera prévu sur les routes fédérales.

Compte tenu des infrastructures à mettre en place pour percevoir les péages, beaucoup d’observateurs doutent que le nouveau système rapportera ce qu’on en espère.

Les « eurodistricts rhénans » protestent ! – Mais le Ministre des transports (membre de la CSU bavaroise comme Horst Seehofer) voulait absolument introduire le péage pour des raisons de politique interne « bavaroise » : il pense que la nouvelle mesure contribuera (avec la critique systématique de la politique d’Angela Merkel en faveur des réfugiés à mobiliser les électeurs et à reconduire la majorité absolue dont dispose la CSU au Landtag de Munich !

L’Autriche ayant, elle aussi, des élections en 2018, fera de son opposition aux péages un… argument de campagne électorale !

Lors de la réunion qu’ils viennent de tenir, les « eurodistricts du Rhin Supérieur » (l’Eurodistrict de Strasbourg-Ortenau en tête) ont également mis en cause le caractère discriminatoire et anti-européen d’un péage autoroutier qui frappera les économies transfrontalières. Ils ont envoyé (un peu tardivement, on en conviendra !) une lettre de protestation à Alexander Dobrindt. Comme quoi, politique nationale, locale et européenne sont plus liées qu’on ne le pense !

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