La CDU découvre un corporatisme assez malsain

Suite au refus de 60 députés de la CDU de voter pour de nouvelles négociations avec la Grèce, le chef du groupe parlementaire Volker Kauder veut «punir» les «rebelles».

Le chef du groupe parlementaire de la CDU, Volker Kauder, veut "punir" les élus ayant voté contre la politique d'Angela Merkel. Foto: Frank Bergmann / Wikimedia Commons / PD

(KL) – La constitution allemande est claire – les députés élus au Bundestag ne doivent voter que selon leur conscience. La «discipline parlementaire» a beau être une pratique répandue, il n’est écrit nulle part qu’un élu doit voter contre sa conscience. Car en principe, les députés doivent représenter les souhaits des citoyens les ayant élus (cela s’appelle la «démocratie représentative») et non pas la stratégie politique des partis. Pour le chef du groupe CDU au Bundestag, Volker Kauder, les choses se présentent toutefois de manière différente.

Ils étaient 60 députés de la CDU qui avaient voté, à la mi-juillet, contre la politique du gouvernement allemand en ce qui concerne la Grèce. Ce qui n’a rien changé au résultat du vote, car la «Grande Coalition» CDU-SPD au Bundestag dispose d’une majorité écrasante qui transforme les votes au Bundestag en une sorte de show politique. Dans ce contexte, l’annonce de Volker Kauder de vouloir «punir» ces 60 élus, peut surprendre.

Dans une interview, Kauder a concédé connaître la constitution allemande («chacun doit déterminer à son niveau ce qui doit faire selon sa conscience»), tout en soulignant que pour lui, «l‘esprit corporatisme» devait primer. Le terme «corporatisme» («Korpsgeist») porte des connotations pesantes en langue allemande, ayant pris ses origines dans le domaine militaire et désignant une sorte d’obéissance aveugle. Ce qui ferait, sans doute, plaisir à Volker Kauder.

Et ces 60 «rebelles» qui ont pris la constitution allemande au mot, doivent maintenant faire face à des conséquences. «Les députés ayant voté ‚non` [à la politique du gouvernement concernant la Grèce] ne pourront pas rester dans les commissions où il nous importe de garder la majorité, par exemple dans les commissions du budget ou sur l`Europe», a annoncé Kauder dans une interview. Car «le groupe parlementaire y nomme les collègues pour qu‘ils y défendent la position du groupe parlementaire». A quoi bon alors d‘avoir les élus ?

La question reviendra rapidement à l‘ordre du jour. Cette semaine, un nouveau «paquet» doit être ficelé pour «sauver» la Grèce et ce paquet devra faire l‘objet d‘un nouveau vote au Bundestag. Si personne ne peut douter que la «Grande Coalition» fera passer ce paquet, il y a de fortes chances à ce que des élus de la CDU refusent encore une fois la politique gouvernementale. Est-ce qu‘ils seront alors privé des postes importants ? Seront-ils vraiment «punis» ? Est-ce que l‘Allemagne quitte définitivement la voie démocratique ? La «démocratie représentative» est en train de céder la place à une «démocratie technocratique» où seul, la volonté des partis au pouvoir compte. Un phénomène qui ne concerne pas uniquement l`Allemagne, d‘ailleurs. Un phénomène qui éloignera la politique encore un peu plus des citoyens et citoyennes.

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