La lutte anti-dopage freinée en Allemagne

La commission anti-dopage chargée d’enquêter sur le dopage systématique autour de la médecine sportive de l’Université de Freiburg s’est dissoute. Et tout le monde s’accuse mutuellement.

Le scandale autour du dopage systématique à Freiburg éclatait à l'occasion du départ du Tour de France à Strasbourg. Foto: Wladyslaw Sojka / www.sojka.photo / Wikimedia Commons / CC-SA 2.5

(KL) – Tout avait commencé en 2006, lorsque le Tour de France partait de Strasbourg. Les deux jours avant le départ de la «Grande Boucle», des cyclistes professionnels, surtout de l’équipe «Telekom», effectuaient des allers-retours entre Strasbourg et Freiburg où des médecins spécialisés les traitaient à l’EPO et d’autres substances interdites. Et puisque ces allers-retours finissaient par se faire remarquer, des coureurs comme Jan Ullrich étaient interdits de participer à l’édition 2006 de la plus grande manifestation cycliste du monde et une enquête était alors lancée.

Puisque tout indiquait que ces activités de dopage tournaient autour du centre de la médecine sportive de l’Université de Freiburg, cette dernière chargeait alors une commission d’enquête d’élucider cette affaire. Rapidement, les médecins responsables étaient identifiés et limogés, mais la commission voulait approfondir cette enquête pour comprendre tout le système de dopage dans le sport et ce, non seulement en ce qui concerne le cyclisme, mais aussi dans le football et d’autres disciplines. Et c’est là que les difficultés commençaient.

La présidente de cette commission, l’Italienne Letizia Paoli, une experte des structures mafieuses qui enseignait à l’Université de Louvain (Belgique), déplorait rapidement le manque de transparence et de coopération au niveau de l’Université de Freiburg en lui reprochant, par exemple, de ne pas fournir tous les documents relatifs à ce scandale à la commission. L’Université de Freiburg, une fois que les médecins incriminés mis à l’écart (les professeurs Joseph Keul et Armin Klümper se trouvant de toute manière sur le seuil de la retraite), ne semblait pas trop motivé pour soutenir la poursuite de cette enquête.

Et l’ambiance entre Letizia Paoli et les autres membres de la commission (Hans Hoppeler, expert suisse ; Perikles Simon, médecin sportif de Mayence ; Gerhard Treutlein de Heidelberg ; Hellmut Mahler de Düsseldorf et Fritz Sörgel de Nürnberg) d’une part et l’Université de Freiburg d’autre part, allaient se dégrader au fur et à mesure. L’Université reprochait à la commission de ne pas fournir le rapport final, la commission déplorait publiquement des irrégularités comme par exemple le fait qu’une employée de l’Université gardait des quantités énormes de documents dans son garage privé sans les fournir à la commission, on formulait des ultimatums dans les deux sens et il n’était plus du tout question de coopération entre cette commission et l’Université.

Les deux parties ne communiquaient plus que par le biais des médias et finalement, le 1er mars 2016, la commission décidait de s’auto-dissoudre suite à la démission de quelques-uns de ses membres.

Cette enquête qui aura duré 9 ans, n’aboutira donc pas au démantèlement des réseaux de dopage dans le monde du sport, l’Université de Freiburg évite de se voir montré du doigt (après tout, il s’agissait d’agissements illégaux de la part de deux médecins sportifs de renommé national), personne ne pourra incriminer l’Université de «complicité», les membres de cette commission avaient un mandat sympathique pendant 9 ans et il n’y, à l’arrivée, que le public qui sera lésé. Car il n’apprendra jamais comment fonctionnent ces réseaux du dopage systématique. Qui lui, sous une forme ou une autre, continuera comme avant.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste