La «Pegida» aimerait bien jouer dans la cour des grands

Le mouvement xénophobe multiplie ses appels de pied en direction de l’AfD – mais celle-ci a actuellement le vent en poupe et ne veut pas être associée à ce mouvement de plus en plus radical.

Il aimerait tellement devenir homme politique, mais il ne le sera jamais - Lutz Bachmann, le fondateur de la "Pegida". Foto: Lutz Bachmann auf Flickr / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Lutz Bachmann, personnage fantasque et fondateur du mouvement «Pegida» à Dresde, aimerait bien être un homme politique. Toutefois, déjà condamné à plusieurs reprises pour des délits assez communs, il lui manque quelque chose pour se faire respecter dans le monde politique. Déjà à plusieurs reprises, il voulait transformer la «Pegida» en parti politique, mais cela n’a jamais fonctionné. Maintenant que les xénophobes de l’AfD réussissent sur la scène de la grande politique, Lutz Bachmann revient à la charge. Il voudrait que son mouvement devienne «l’organe de contrôle» de l’AfD.

Selon Bachmann, de nombreux électeurs ne font pas confiance à l’AfD. Etrange déclaration faite lundi lors de la manifestation habituelle de la «Pegida» à Dresde, 24 heures après le succès inattendu de l’AfD – les résultats obtenus par ce parti d’extrême-droite n’indiquent pas forcément un manque de confiance de la part des électeurs, bien au contraire.

«Nous voulons être l’épine au pied de l’AfD», a dit Bachmann lundi, frustré de voir que d’autres bénéficient plus que lui de la vague de xénophobie dans les Länder de l’est de l’Allemagne. Il est vrai que son mouvement a permis aux xénophobes de l’AfD de prendre un essor fulgurant en Allemagne – avant la «Pegida», des positions ultra-nationalistes et xénophobes comme celles défendues aujourd’hui autant par l’AfD que par la «Pegida», étaient encore impensables. Mais si Bachmann, avec son attitude de videur de boite de nuit, convient parfaitement à la tête d’un mouvement de la rue, il est difficile de l’imaginer en tant que chef d’un parti politique. Ce qui doit l’embêter beaucoup.

Mais de là, devenir un «organe de contrôle» pour l’AfD ? Ce que voulait dire Bachmann, c’était que son mouvement allait veiller à ce que l’AfD ne dilue pas ses positions ultra-nationalistes, par exemple au contact d’autres partis dans les différents parlements où siège l’AfD à l’avenir. Du côté de l’AfD, on ne veut pas avoir à faire à Monsieur Bachmann qui pourrait nuire aux tentatives de la patronne du parti Frauke Petry de dé-diaboliser son parti, un peu comme l’avait fait Marine Le Pen en France. Pour se rendre fréquentable, l’AfD doit éviter tout proximité évidente avec un personnage comme Lutz Bachmann.

De plus, Bachmann a réitéré son projet de créer un parti autour de la «Pegida», mais les politologues ne donnent pas cher de cette idée – l’espace politique à droite de la CDU est désormais occupé par l’AfD et une compétition entre l’AfD et la «Pegida» pourrait affaiblir les deux. Mais avant de pouvoir s’occuper de la création de son parti, Lutz Bachmann a d’autres préoccupations. Il doit actuellement faire face à un procès pour incitation à la haine après avoir qualifié les réfugiés arrivés en Allemagne de «bétail, crapules, racaille». Une fois son procès terminé, il reviendra sans doute à la charge. Sans pour autant arriver à gagner une quelconque notoriété politique.

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