L’Allemagne devient de plus en plus verte

Le dernier sondage FORSA indique un séisme politique en Allemagne. Pour la toute première fois, les Verts passent devant la CDU et s’apprêtent à devenir le premier parti politique allemand.

Le Vert domine toutes les autres couleurs actuellement... Foto: Gausanchennai / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL)- Le sondage de l’Institut FORSA a surpris beaucoup de monde, surtout dans les QGs des partis berlinois. Le paysage politique allemand est en pleine mutation, et pour la première fois depuis sa création, le parti des Verts se situe en tête des sondages. Avec 27% des intentions de vote, les écologistes dépassent pour la premières fois la CDU/CSU (26%), tout en reléguant les autres partis à des simples figurants du monde politique.

Dans ce sondage FORSA, le SPD se trouve en tête des « Autres », avec un petit 12%, son plus mauvais score au niveau national jamais relevé. L’extrême-droite AfD suit à 11%, le FDP à 8% et Die Linke à 7%, et on commence à comprendre pourquoi CDU/CSU et SPD veulent à tout prix éviter des élections anticipées – la prochaine dégringolade électorale serait déjà programmée.

Plusieurs raisons ont conduit à ce chamboulement du paysage politique allemand. D’une part, l’essoufflement de la chancelière Angela Merkel, qui ne pèse plus très lourd, ni au niveau de la politique nationale, ni sur la scène européenne. En faisant le « mandat de trop », Angela Merkel a bloqué la voie vers une réforme de son parti. Et de plus, le choix de son successeur Annegret Kramp-Karrenbauer n’était pas des plus heureux : AKK est en train d’échouer dans sa mission, qui est bien différente de son ancienne fonction comme Ministre-Présidente de la Sarre. En face, l’opposition de toujours, le SPD, suit les traces de ses homologues français en perdant élection après élection. La démission d’Andrea Nahles ne fait qu’ ajouter à ce chaos, et même les électeurs et électrices les plus fidèles du SPD manquent de plus en plus d’arguments pour continuer à votre pour ce parti. Les 12% dans les sondages le disent clairement – le SPD n’a pas connu une crise plus grande depuis les années 30 du siècle dernier.

Donc, l’Allemagne devient « verte » et se positionne plus à gauche ? Par forcément, car les Verts en Allemagne ne font pas automatiquement partie de la « gauche » allemande, au contraire. Au fil des années, ce parti né de différents mouvements citoyens comme le mouvement anti-nucléaire, le mouvement pour la paix et les mouvements de libération des femmes, s’est transformé en un parti certes écologiste, mais en même temps situé plutôt au centre, par moment même au centre-droit comme dans le Bade-Wurtemberg où le premier ministre-président vert allemand, Winfried Kretschmann, officie dans une coalition Verts-CDU.

Il ne faut pas oublier non plus que les Verts avaient refusé même de discuter d’une possible coalition entre les partis dits de « gauche », donc le SPD et Die Linke, car les écologistes allemands ne se retrouvent pas dans les postulats sociaux de Die Linke. En réalité, les Verts allemands aimeraient bien allier écologie et économie, ce qui revient dans de nombreux cas, à la quadrature du cercle.

Néanmoins, il convient de lire les chiffres attentivement. On constate que d’une part, l’extrême-droite commence à stagner au niveau national et qu’en parallèle, les Verts crèvent le plafond. La réponse à la montée de l’extrémisme identitaire n’est donc pas la répression, mais une programmatique claire et axée sur un développement durable dans de nombreux domaines.

Aux Verts de profiter de ce moment historique pour s’affirmer comme la « vraie » alternative à ce paysage politique encroûté comme dans d’autres pays – là, les cartes sont redistribuées et nous entrons dans une phase où tout sera possible. Le meilleur comme le pire.

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