L’Allemagne se noie dans les grèves à répétition

Les Allemands risquent de revoir ce genre d'affichage dès la semaine prochaine. Foto: Joachim Müllerchen / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Le syndicat des conducteurs de trains allemand GDL a quitté la table des négociations avec la Deutsche Bahn, homologue allemand de la SNCF. Depuis novembre, l’Allemagne risque de vivre la cinquième grève de ce syndicat et la Deutsche Bahn reproche au chef du GDL Claus Weselsky de « ne pas avoir bougé d’un millimètre ». Weselsky, lui, n’est pas content parce que la Deutsche Bahn ne veut pas céder sur le postulat principal du syndicat, une baisse du temps de travail hebdomadaire sans réduction salariale. Autre point de discorde : la durée d’une nouvelle convention collective. Le syndicat voudrait conclure une convention collective pour une durée de 12 mois, la Deutsche Bahn souhaite un accord pour 32 mois. Et puisque les deux côtés ne veulent pas bouger, ce seront les voyageurs qui seront embêtés une nouvelle fois.

Pourtant, les adhérents du GDL pourraient se réjouir. Malgré des pertes à hauteur de plus d’un milliard d’euros, malgré l’impossibilité d’assainir les infrastructures ferroviaires (rails, ponts, gares), malgré la pénurie de main d’œuvre qualifiée, le GDL ne veut pas se contenter d’une augmentation de 10% en deux paliers et de 2850 € de « prime d’inflation ». Ce que le GDL demande, n’est nullement une participation juste aux bénéfices réalisés par l’entreprise, mais une augmentation que les contribuables auront à payer par le biais de nouveaux crédits qui doivent maintenir la Deutsche Bahn à flot.

Une médiation du ministre-président du Schleswig-Holstein Daniel Günther et de l’ancien ministre de l’intérieur Thomas de Maizière n’a pas donné de résultat et lundi prochain, le GDL annoncera ses prochaines grèves. Mais si maintenant les pilotes et personnels de sol aux aéroports, les conducteurs et personnels des transports en commun et les conducteurs de train se mettent en grève à tour de rôle, cela devient insupportable. Ajoutez à cela les agriculteurs en colère et les militants pour le climat qui paralysent souvent la circulation sur les routes, et les Allemands commencent à en avoir assez. Voyager en Allemagne devient un jeu de hasard, se rendre au travail une aventure, assurer des rendez-vous importants par avion, de plus en plus difficile.

Si la grève est un instrument important dans les luttes sociales, le GDL dépasse actuellement les bornes. Les conducteurs de train ne font pas partie des professions aux salaires précaires et dans la mesure où les augmentations proposées doivent être payés par ceux qui actuellement ne peuvent pas se fier aux moyens de transport, donc, par tout le monde, le GDL devrait accepter un compromis. Surtout lorsque le compromis proposé constitue une amélioration salariale dont d’autres métiers ne peuvent que rêver.

Il serait surprenant que le GDL annonce autre chose que la prochaine grève et le chaos dans les transports allemands, continue. Mais pour combien de temps ?