L’Alsace revendique une transition énergétique raisonnée !

En amont de la Conférence Internationale du Climat à Paris, l'Alsace se remet en selle pour «sa» transition énergétique, un projet très ambitieux.

La transition énergétique "à l'alsacienne" est bien plus que le passage aux énergies renouvelables comme les éoliennes. Foto: Hundsbuckler / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Par Alain Howiller) – A une poignée de semaines de la 21ème Conférence internationale du climat, qui se tiendra du 30 Novembre au 11 Décembre au Bourget, dans la région parisienne, au nord de la capitale française, alors que les ultimes tractations s’opèrent entre les 195 états signataires de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques, l’Alsace a voulu faire entendre sa (petite) voix dans les débats actuels sur la transition écologique. Certes, l’expression de son souci écologique n’est pas une nouveauté pour l’Alsace : la région s’est exprimée à plusieurs reprises, dans le passé, à ce sujet (1). Elle a notamment adopté, dès 2012, un «Schéma Régional Climat-Air-Energie» lui fixant un objectif ambitieux dans le domaine de la réduction des gaz à effet de serre.

L’objectif était de réduire de 20% les émissions de gaz d’ici à 2020 et de 75% par rapport à 2003 : l’objectif des -20% a déjà été dépassé grâce aux efforts développés (car financièrement encouragés par la Région Alsace et les services de l’Etat) dans l’industrie ou chez les particuliers (développement des biocarburants, du chauffage au bois, rénovation thermique, amélioration des performances de l’hydro-électricité, et plus récemment mise en œuvre des projets de recours à l’énergie solaire et des très controversées géothermie profonde ou à éoliennes).

Malgré Fessenheim ! – Malgré les hésitations qui entourent le sort de la centrale nucléaire de Fessenheim (où se posent des problèmes d’indemnisation financières à verser aux propriétaires, exploitants et communes privées de ressources et où il faudra faire face à la reconversion du personnel), l’Alsace semble bien partie. A la veille de la mise en place, au 1er Janvier, de la «méga région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne», le Président de la Région comme le «Conseil Economique, Social et environnemental d’Alsace (CESER)» ont voulu rappeler cette sensibilité alsacienne. Lors de la dernière assemblée plénière de la «Région Alsace», le président Richert, après avoir dressé un bilan positif de l’institution régionale dont les premiers balbutiements remontent à…. 1972, souligne notamment : «Préserver les atouts de l’Alsace, nous l’avons fait également en conduisant des actions volontaristes dans le domaine de l’efficacité énergétique : aujourd’hui, nous disposons d’un véritable service public de l’efficacité énergétique. Mais aussi en agissant en faveur de la bio-diversité (huit nouvelles réserves naturelles régionales créées). Ou encore en investissant très fortement pour les TER (Trains Express Régionaux par le biais de l’acquisition de 24 rames Régiolis, pour un montant de 240 millions d’euros, n.d.l.r.)».

Le «CESER» (l’assemblée des 78 représentants de la «société civile alsacienne») a de son côté, lors de son avant dernière séance avant la mise en place de la «méga région de l’Est», adopté à l’unanimité moins une abstention, un avis intitulé (c’est tout un programme !) : «Affronter l’urgence par une transition écologique globale et fédératrice !»

Un nouveau modèle économique ! – D’entrée le conseil note : «La transition écologique appelle une évolution vers un nouveau modèle économique et social, un modèle de développement durable qui renouvelle à la fois nos façons de consommer, de produire, de travailler, de vivre ensemble pour répondre aux grands enjeux environnementaux, ceux du changement climatique, de la rareté des ressources, de la perte accélérée de la biodiversité et de la multiplication des risque environnementaux…».

Et pour que nul ne l’oublie, le CESER précise : «La transition écologique implique une utilisation rationnelle et efficace vis-à-vis de toutes les ressources, y compris la sollicitation des régulations naturelles (climat, écosystèmes) et de résilience face aux aléas climatiques pour les territoires, les procédés industriels et agricoles, les biens et les services. Elle concerne notamment la rénovation thermique des bâtiments, l’adaptation des transports et l’aménagement des territoires, la production, le stockage et les usages des énergies, la sobriété en eau, la préservation et la restauration des écosystèmes, l’économie circulaire et la moindre dépendance aux ressources rares». Les effets positifs de la transition écologique sur la santé publique sont également à souligner, souligne l’avis.

Celui-ci insiste, d’ores et déjà, sur la nécessité de concevoir et développer la transition écologique dans le cadre de la future «méga-région» qui ne devra pas oublier ses responsabilités et sa dimension transfrontalières. La transition devra aussi bien intégrer une sobriété raisonnée («Les économies d’usages et de services peuvent porter une croissance sans puiser dans les ressources»… «La meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas !») qui accepte ce nouvelles formes ce croissance et qui s’appuie sur une économie circulaire à promouvoir.(2)

Pas de projets industriels sans volet énergétique ? – Les projets industriels, comme les transports (qui représentent en Alsace 25,54% du pouvoir de réchauffement naturel et 22,6% de la consommation énergétique finale), doivent comporter un volet énergétique analysant la situation, souligne l ‘avis et montrer que le volet énergétique a été optimisé. Pour atteindre des résultats favorables en la matière, il faudra organiser une action régionale efficace, construire un réseau de conseillers de terrain compétents, innover dans le pilotage des projets et dans les financements appropriés et stimulants. Avec en conséquence, la création d’emplois verts dont il est, en l’état, encore difficile de chiffrer l’importance réelle.

Comme on le voit, l’avis du CESER implique aussi bien des choix que des investissements à la mesure des enjeux liés à la transition écologique. Celle-ci demande imagination, volonté, engagements individuels et collectifs, promotion de l’économie circulaire, élément déterminant d’une économie durable. «Un tel changement», conclut l’avis, «de modèle nécessite un véritable accompagnement qui passe à la fois par l’information, la sensibilisation, l’éducation, la formation mais également par la mobilisation de tous, les décideurs comme les citoyens».

Il passe aussi par la prise de conscience des Etats et par la mobilisation des financements indispensables : la 21ème Conférence Internationale du Climat éclairera l’une et l’autre, dans quelques semaines, au Bourget !

(1) Voir notamment www.ceser-alsace.eu/ ou www.region-alsace/

(2) On entend par «économie circulaire» un concept économique «qui s’inscrit dans le cadre du développement durable qui produit des biens et des services en limitant le gaspillage, la consommation de matières premières et de sources d’énergies non-renouvelables».

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