Le 3 Octobre, c’est la fête nationale allemande. 25 ans déjà…

Au moment de l'unification allemande, ils avaient promis des «paysages fleurissants» en Allemagne de l'Est – mais on a du mal à les apercevoir. 25 ans plus tard, l'Allemagne peine toujours à devenir un seul pays.

Le 3 octobre 1990, les deux chefs des deux états allemands trinquaient à l'unification - Richard von Weizsäcker (RFA) et Sabine Bergmann-Pohl (RDA). Foto: Bundesarchiv Bild 183-1990-1002-033 / Settnik, Bernd / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Le 3 octobre, les allemands fêtent leur fête nationale. Car le 3 octobre 1990, le parlement allemand, le Bundestag, votait solennellement l’adhésion de la RDA à la République Fédérale d’Allemagne et l’époque de l’existence de deux états allemands était donc terminée. Ce jour là, on a vu des hommes et des femmes politiques verser des larmes au parlement, tellement ce moment était vécu comme un moment historique. Cette année, en 2015, on fête donc un «anniversaire rond» de cette unification que de nombreux observateurs refusent toujours de qualifier de «réunification» car l’Allemagne d’aujourd’hui, n’a jamais existé dans ses frontières actuelles dans le passé. Mais bon, parlons donc d’unification.

Au bout de 25 ans, c’est le moment pour tirer un bilan intermédiaire. Est-ce que cette unification est consommée ? Est-ce que les différences entre l’est et l’ouest du pays aient pu être nivelées ? Est-ce qu’en 2015, il existe une seule Allemagne unie ?

Dans de nombreux domaines, le rapprochement est-ouest a fonctionné, comme dans l’éducation (à l’est, les enfants réalisent de meilleurs scores dans les tests «Pisa» !), dans d’autres domaines, les différences est-ouest persistent aussi 25 ans après l’unification, comme le relève «l’Institut berlinois pour la Population et le Développement» dans une étude comparative. Ainsi, le pouvoir d’achat est toujours inférieur à l’est du pays, la culture d’accueil et la perception des étrangers est différente entre les anciennes «deux Allemagnes», à l’ouest, un enfant sur trois reçoit un enseignement religieux (un sur huit à l’est) et surtout, de nombreux habitants des «nouveaux Länder», donc, de l’ex-RDA, soignent toujours une identité de l’est, tandis que les allemands de l’ouest continuent à regarder les frères et sœurs à l’est un peu comme des inconnus qu’on a du mal à comprendre.

Cette unification est loin d’être réalisée et des experts estiment qu’en vue des différences structurelles, elle ne le sera jamais à 100%. «L’unification est un processus plus lent que prévu et il ne pourra pas devenir plus qu’un rapprochement progressif qui durera encore longtemps», conclut le rapport de l’institut berlinois. Les 45 ans de séparation entre l’est et l’ouest pèsent plus lourd que l’on avait pensé en 1990 – car les deux pays avaient pris des chemins bien différents. Tandis que la RFA se développait selon le modèle américain et européen, la RDA suivait l’exemple russe et du Bloc de Varsovie, ce qui finissait par créer des cultures, des perceptions de la vie très différentes et 25 ans n’ont pas suffit pour éponger ces différences.

Ces différences restent sont nombreuses – à l’est, les activités bénévoles n’attirent pas beaucoup de monde, on y gagne que deux tiers des salaires pratiqués à l’ouest, les jeunes qui quittent l’école sans diplôme y sont plus nombreux. Selon des sondages, la population est-allemande est moins contente de sa vie qu’à l’ouest (peu étonnant, considérant les différences matérielles), le chômage y est plus important, il y a toujours des régions sinistrées, des villages abandonnées, d’autres bourgs pas connectés aux réseaux routier et ferroviaire, des régions où les jeunes partent dès qu’ils peuvent, laissant les villages aux vieux, des villages où l’on ne trouve plus aucun magasin, mais seulement une sorte de désolation grise.

Bien sûr, il y a les grandes villes à l’est où on a investi, où on a crée des industries, de l’emploi, une vie culturelle, mais cela ne change rien à ce sentiment généralisé des allemands de l’est d’avoir été abandonné, même trompé. L’élan de 1989 et de 1990, les promesses d’y créer des conditions de vie identiques à l’ouest, ont cédé la place à une frustration grandissante qui elle, constitue la base pour des mouvements comme la «Pegida».

Pour réussir cette unification, de grands efforts seront encore nécessaires et ce, à tous les niveaux. Ce qui n’empêche pas l’Allemagne de célébrer dignement les 25 ans de cette unification qui a mis un terme à une séparation mal vécue. 1990 et le traité 2+4 autorisant les deux Allemagnes à devenir une, représentaient aussi la fin de la IIe Guerre Mondiale, un nouveau départ, une chance pour un nouveau départ.

Ce nouveau départ, dans de nombreux domaines, les allemands l’ont réussi, dans d’autres, ils ont, pour l’instant, échoué. Il faudra donc compter encore des générations avant que cette unification s’approche de sa réalisation.

Un verre de champagne en ce jour historique, en restant vigilant que la nouvelle, grande Allemagne ne répète pas les erreurs du passé. Imbriquée dans une Europe qui doit devenir plus forte et plus solidaire, l’Allemagne sera un partenaire, un ami, un soutien pour l’Europe. Mais il faudra aussi veiller à ce que les tendances qui voudraient un retour vers un nationalisme malsain en Europe, ne gagnent pas du terrain. Donc – Prost, l’Allemagne !

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