SPD : du « non » au « peut-être », avant le « oui » ?

Le SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne) de Martin Schulz a le vent en poupe et se trouve en position de force après l’échec des négociations en vue d’une coalition « Jamaïque » (Démocrates et Sociaux Chrétiens, Libéraux et Verts).

Martin Schulz sera en position de force pour négocier avec Angela Merkel. Foto: SPÖ Presse und Kommunikation / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL/AK) – Si jusqu’à hier, la position du SPD était claire (« nous allons passer la prochaine mandature dans l’opposition pour nous refaire une santé »), elle ne l’est plus aujourd’hui. En effet, c’est le parti de Martin Schulz qui détient les clés de la stabilité politique en Allemagne, à condition d’accepter de s’asseoir à la table des négociations pour finalement continuer à diriger le pays en partenariat avec la CDU d’Angela Merkel. Deux options seraient envisageables pour renouer avec cette coopération et dans les deux cas, Angela Merkel devra payer le prix fort.

Pour éviter des élections anticipées, Angela Merkel doit trouver un accord avec le SPD. Soit le SPD tolère un gouvernement minoritaire de la CDU dirigé par la chancelière Angela Merkel, soit les deux partis lancent une « Grande Coalition 2.0 » et la chancelière devra se montrer très flexible dans les négociations et accepter de nombreux compromis. Son maintien au pouvoir pourrait en dépendre.

Le SPD, lui, a le beau rôle. Après s’être tenu à l’écart de toute négociation depuis le 24 septembre, il revient maintenant dans la course. Martin Schulz, celui qui avait dit « non » à toute participation au prochain gouvernement, a laissé entendre hier que si des objectifs communs pouvaient être trouvés, une coopération ne serait pas exclue. Du « non » au « peut-être », puis au « oui » ?

Martin Schulz préfère sans doute le modèle d’un gouvernement CDU minoritaire qui devrait négocier un accord avec le SPD pour chaque dossier en cours : rien ne se déciderait sans l’aval des socio-démocrates. Tout en pesant lourd sur la politique allemande, le SPD éviterait le rôle ingrat de « partenaire junior » dans la coalition. En cas d’échec, la CDU porterait la responsabilité ; en cas de succès, le SPD réclamerait sa part de paternité. Est-ce qu’Angela Merkel accepterait une telle configuration ? Est-ce qu’elle aura le choix ? Rarement, le vainqueur d’une élection s’est trouvé dans une situation plus inconfortable que la chancelière allemande…

Si la CDU/CSU et le SPD devaient s’accorder sur une nouvelle « Grande Coalition », celle-ci disposerait d’une majorité solide au Bundestag et serait donc synonyme de stabilité politique, concept particulièrement cher aux Allemands. Mais pour y arriver, Angela Merkel devra lâcher plusieurs ministères-clé au SPD et accepter un partenariat sur un pied d’égalité avec lui.

CDU/CSU et SPD ont un intérêt commun : éviter des élections anticipées qui risqueraient de confirmer la dégringolade des partis traditionnels. En vue du changement de tonalité chez les cadres du SPD, les anciens et futurs partenaires sont sur le point de se retrouver. Le SPD se fera encore un peu prier et après, les choses iront relativement vite. Une telle « Grande Coalition 2.0 » sera-t-elle une bonne chose pour l’Allemagne et l’Europe ? La question reste posée.

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