Le cynisme sordide de Gianni Infantino

L’intervention du président de la FIFA, de la fédération mondiale du football, devant le Conseil d’Europe, était scandaleuse. Le cynisme de cet homme est insupportable.

Gianni Infantino lors de son discours scandaleux devant le Conseil d'Europe. Foto: Courtesy Kayhan Karaca

(KL) – La FIFA est, depuis longtemps, dirigée par des personnages étranges. D’abord, il y avait Sepp Blatter, l’homme qui vendait des Coupes du Monde au plus offrant et ce, dans un système de corruption avéré, et maintenant, il y a Gianni Infantino. L’homme qui s’est installé au Qatar, lieu de la prochaine Coupe du Monde autour de Noël 2022, vient de faire un discours devant le Conseil d’Europe et ce discours était un mélange de marketing pour le Qatar, de publicité pour ses plans d’organiser désormais une Coupe du Monde tous les deux ans et ce faisant, il a fait preuve d’un cynisme sans nom vis-à-vis des innombrables morts en Méditerranée. Cet homme est un danger pour le football mondial et même pour la politique internationale. Il faudrait le remplacer le plus vite possible.

La première partie de son intervention scandaleuse dans l’hémicycle strasbourgeois, était l’apologie de ses nouveaux amis qataris. Infantino se considère visiblement comme une sorte d’ambassadeur de ce pays qui viole en permanence les Droits de l’Homme. Ainsi, pendant que les ONGs parlent de 6500 morts sur les chantiers des nouveaux stades au Qatar, Infantino a osé déclarer qu’il n’y ait eu « que trois morts » sur ces chantiers, en allant jusqu’à comparer les conditions de travail des ouvriers étrangers au Qatar aux « conditions de travail en Europe ». Ah bon ? Où, en Europe, on confisque les passeports des ouvriers étrangers, en les logeant dans des logements insalubres et souvent, en les privant des salaires ridicules ? Plusieurs ONGs ont fait état de conditions de travail qui ressemblent davantage à de l’esclavage qu’à un emploi rémunéré. L’homme défend l’indéfendable, étant très bien payé, et on se moquant des Droits de l’Homme.

Infantino aurait mieux fait de lire les derniers rapports de ses amis qataris qui eux, parlent aujourd’hui de 15.000 ouvriers qui seraient morts sur ces chantiers de la honte.

Ses nouveaux amis et financiers ont du être contents en écoutant le discours scandaleux d’Infantino. En niant les rapports d’Amnesty International, de Human Rights Watch et d’autres, il cautionne ce système d’esclavage appelé « Système Kafala » qui effectivement, ressemble à l’esclavage. Les ouvriers étrangers qui construisent les nouveaux stades au Qatar sont privés de tout droit et désormais, le Qatar peut contrer toute critique en faisant référence à ce discours scandaleux à Strasbourg. Evidemment, Infantino fait exactement ce qu’il condamne toujours, lorsqu’il dit « qu’il ne faut pas mélanger sport et politique ». Ce que fait le patron de la FIFA est même pire. Non seulement, il mélange politique et sport, en plus, il cautionne un système qui fait fi des Droits de l’Homme et ce, pour des raisons financières.

Tout ça, c’était déjà grave. Par contre, son intervention pour justifier ses plans d’organiser à l’avenir, une Coupe du Monde tous les deux ans, était le summum de l’hypocrisie et du cynisme. « Nous devons donner de l’espoir aux Africains pour qu’ils ne doivent plus traverser la Méditerranée pour trouver une vie meilleure ou, ce qui est plus probable, la mort ». Comprendre : si je peux me remplir les poches tous les deux ans au lieu de tous les quatre ans, les Africains n’essayeraient plus de quitter leur continent pour trouver refuge en Europe.

C’est incroyable d’entendre de telles paroles devant l’organisation européenne qui est la gardienne des Droits de l’Homme. Déclarer que des Africains fuient leurs pays parce que la Coupe du Monde est organisée tous les quatre ans, ça frôle l’ineptie. Même un Sepp Blatter n’aurait pas osé prononcer de telles paroles.

Gianni Infantino, ce fonctionnaire du football mondial, ne mélange pas seulement sport et politique, mais il se moque du destin de dizaines de milliers de réfugiés qui périssent depuis des années en Méditerranée. La FIFA, devenue fief de la corruption internationale dans le monde du sport (il suffit de regarder le nombre d’anciens membres du omnipuissant Comité Exécutif qui purgent actuellement des peines de prison pour avoir accepté des enveloppes en échange de leurs votes lors de l’attribution des Coupes du Monde…), doit se réformer dans son intégralité. Mais le premier pas qui doit intervenir, le plus rapidement possible, c’est le départ de Gianni Infantino qui ne devrait plus avoir des tribunes pour y chanter les louanges du Qatar et se moquer des victimes des inégalités dans le monde. Et le Conseil d’Europe devra se poser la question si c’est vraiment une bonne idée de donner une tribune à un tel homme qui devient carrément dangereux.

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