Le déni de la démocratie

Les puissants du monde se passent de plus en plus souvent de leurs parlements démocratiquement élus. Gouverner par ordonnance, c'est en vogue. Et dangereux.

Si c'est très en vogue de gouverner par ordonnance, c'est en même temps un déni de la démocratie. Foto: Shealah Craighead / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Les Américains appellent cela des « executive orders », en France on nomme cela des « ordonnances ». Il s’agit de décisions politiques prises solitairement par un président ou un chef de gouvernement, sans consultation du parlement. S’il est certainement plus commonde de gouverner sans passer par ces procédures encombrantes que la démocratie impose, il est irritant de voir tous ces leaders politiques brandir fièrement leurs ordonnances dans les objectifs des médias – tout en étant visiblement fiers d’annuller dans les faits, la démocratie.

Il ne faut pas s’étonner de l’écroulement des partis politiques – s’il ne sert plus à grande chose d’aller voter car les décisions sont prises de toute manière sans consultation (ou même contre l’avis) des élus du peuple, à quoi bon aller voter ? Pourquoi, à ce moment-là, ne pas voter pour des extrémistes qui promettent de tout casser ?

L’erreur des Trump, Macron et autres réside dans la conception du terme « pouvoir ». Un président ou chef de gouvernement ne règne pas sur ses sujets, cela s’appellerait une monarchie. Un président ou chef de gouvernement est le « primus inter pares », un salarié du peuple, celui qui est là pour mettre en oeuvre un programme pour lequel il a été élu. Mais sa mission ne consiste pas à imposer sa volonté en contournant le parlement.

Les ordonnances ont peut être ce pouvoir magique de permettre de prendre des décisions contre tout le monde, mais si elles enrichissent les débats politiques, elles tuent en même temps la démocratie.

Une ordonnance imposée au peuple, ne fait que renforcer le sentiment d’impuissance des citoyens face à leurs institutions et favorise donc logiquement, l’extémisme. Il serait grand temps de repenser la place du citoyen dans le processus politique et les fondements de la démocratie dans un monde en pleine mutation.

Le comportement féodal des puissants du monde conduit à des situations comme avec la Corée du Nord – qui pousse le monde vers une nouvelle catastrophe, parce que personne ne peut arrêter Kim et Trump. Tâchons à ce qu’une telle situation ne se présente pas en Europe – et abolissons cette possibilité de gouverner par ordonnance, si on veut garder la démocratie en vie.

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