Le divorce
Entre Emmanuel Macron et les Français, ce n'était pas une histoire d'amour, mais un mariage de la raison, pour empêcher l'extrême-droite de prendre le pouvoir. Hier, la liaison entre Macron et les Français a trouvé sa fin.
(KL) – Il fallait s’y attendre. Le compromis pondu par le Conseil Constitutionnel, ne pourra pas apaiser le pays. Le plus clair de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron a été validé par le Conseil Constitutionnel, ce qui a motivé le président de se moquer ouvertement des syndicats et des Français. Dans les 48 heures, Macron veut promulguer la loi sur la réforme des retraites et une fois qu’elle sera en vigueur, alors le président invite les syndicats mardi prochain. Une telle réunion que les syndicats avaient demandé en vain pendant trois mois, appuyés par des millions de Français, le lendemain du passage en force d’une réforme rejetée par environ les trois quarts des Français, n’est autre qu’une nouvelle expression du mépris qu’affiche ce président vis-à-vis des Français.
Mais depuis hier, le divorce entre les Français et leur président et son gouvernement est consommé, la confiance d’un très grand nombre de Français en cette Ve République est définitivement ébranlée et les dégâts que la « macronie » aura infligés à la démocratie française, ne peuvent même pas encore être évalués. Pour imposer sa volonté personnelle à l’ensemble de ses compatriotes, Emmanuel Macron a profité d’une interprétation osée du §49.3, se cachant derrière la constitutionnalité de sa démarche, pour faire oublier le déni démocratique extraordinaire dont ont fait preuve président et gouvernement.
Aujourd’hui, les Français constatent avec stupeur que les institutions de l’état ont peur du peuple. Le refus d’entendre les Français sur une question d’une telle portée que la durée du travail dans une vie, sous forme d’un RIP, prouve qu’en France, le peuple n’est plus le souverain. Mais est-ce vraiment une démocratie lorsque le pouvoir n’émane pas du peuple, mais des salons feutrés des palais du pouvoir parisien ?
Emmanuel Macron avait de très nombreuses occasions pour stopper une démarche qui est refusée par les Français et ce, sans perdre la face. L’erreur principale était le refus de laisser voter les représentants des Français à l’Assemblée Nationale et il ne suffira plus de faire répéter des personnages comme Olivier Dussopt ou Gérald Darmanin que cette réforme des retraites serait « issue d’un processus démocratique ».
Déjà hier soir, peu de temps après l’annonce de la décision des « sages », de nombreuses manifestations éclataient partout en France et visiblement, les forces de l’ordre avaient ordre de se lâcher. Donc, l’escalade continue et risque de s’endurcir. La responsabilité de tout ce qu’il suivra en France ces prochaines semaines et mois, incombe à une seule personne, un président. La paix sociale et sociétale n’est pas un jouet, mais cruciale pour le bon fonctionnement d’un pays. Emmanuel Macron qui n’a pas réussi de fédérer les Français, aura seulement réussi à détruire la confiance des Français en leur état et la Ve République. Le bilan est désastreux et les 4 ans qui viennent jusqu’aux prochaines élections, ne suffiront pas pour faire oublier cette défaillance politique. Aujourd’hui, la démocratie est en péril en France et il convient déjà aujourd’hui d’être très vigilant. Car pour les Jeux Olympiques 2024 à Paris, Macron et son gouvernement préparent déjà les prochaines surprises liberticides. On verra si les syndicats et les Français laisseront ce gouvernement s’auto-célébrer à l’occasion de ces Jeux Olympiques…
Que Macron ait faire preuve d’un manque manifeste de tact et de doigté dans la mise en place de la réforme des retraites, on ne peut que le constater et le regretter. Mais tirer à boulet rouge sur l’actuel président et sur les institutions de la 5ème République s’apparente à une fuite en avant et revient à ignorer l’incontournable question des alternatives â Macron : Le Pen ? Mélenchon ?. Die Geister, die ich rief werde ich nicht mehr los…
Le déni des fondamentaux de la démocratie, n’est pas un “manque de tact”, mais le mépris profond de la France et des Français. Le fait qu’il ait encore pire que lui (ce qui reste aussi encore à prouver), n’est pas un argument pour accepter le comportement anti-démocratique de ce président et de son gouvernement. Aux partis politiques français de s’organiser pour ne pas louper 2024 (élection européenne) et 2027 (élections présidentielles et législatives). Et pourquoi faut-il maintenir une Ve République qui est dépassée ? Vivement la VIe République et le retour de la France parmi les pays démocratiques !