Le «Made in Germany» essuie un sacré coup au niveau mondial

Les manipulations des tests d’émission pour leur véhicules ternissent l’image du plus grand constructeur automobile du monde, Volkswagen. Toute l’Allemagne est choquée.

La nouvelle Passat de VW risque d'avoir du mal à trouver des acheteurs... Foto: Jakub "Flyz1" Maciejewski / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Volkswagen, c’est plus qu’une marque de voitures pour les Allemands. Depuis la mythique «coccinelle», Volkswagen fait, d’une manière ou d’une autre, partie de l’histoire des familles allemandes. De plus, l’industrie allemande étant fortement axée sur l’automobile (19% des emplois industriels dépendent directement ou indirectement de ce secteur), un scandale mettant en doute la qualité «made in Germany» constitue plus qu’un scandale – il s’agit d’un séisme.

Volkswagen a déjà avoué avoir manipulé les tests d’émissions pour ses véhicules aux Etats-Unis, pour pouvoir publier des valeurs d’émissions favorables, un vrai argument de vente sur le marché de l’automobile américain en pleine mutation. Si cette pratique se limiterait, pour l’instant, que sur les Etats-Unis, d’autres pays commencent à regarder de plus près et les actions des grands constructeurs automobile allemands se mettent à plonger aux bourses internationales et ce, non seulement en ce qui concerne Volkswagen.

Si l’autorité de l’environnement américaine EPA vient d’ouvrir une procédure et si le ministère de la justice américain réfléchit à voix haute si les agissements criminels des responsables de Volkswagen USA pourraient faire l’objet d’une procédure pénale, le constructeur de Wolfsburg risque des amendes pouvant atteindre 18 milliards d’euros. Et, encore pire pour l’industrie automobile allemande, les autorités ont annoncé vouloir regarder de plus près chez l’ensemble des constructeurs allemands, ce qui porte un coup aux Mercedes, BWM ou AUDI. Toute l’industrie automobile allemande est en train de perdre son image de marque et cela pourrait avoir des conséquences graves pour un secteur industriel dont l’Allemagne dépend largement et qui fait l’honneur de l’ingénierie allemande.

Michael Horn, le patron de Volkswagen USA, a tenté une sorte d’excuse en passant aux aveux devant la presse : «Nous n‘avons pas dit la vérité à l‘autorité de l‘environnement EPA, nous n’avons pas dit la vérité aux autorités californiennes et le pire, nous n’avons pas dit la vérité à nos clients», a-t-il dit lors de la présentation d’un nouveau modèle à New York qui lui, ne risque pas trop d’avoir du succès auprès d’une clientèle bernée de la sorte.

Lundi, le désastre commençait déjà à se matérialiser à la bourse de Frankfurt – l’action VW, l’un des titres des plus recherchés, perdait 22% en une seule journée et les actions des autres constructeurs automobiles allemands perdaient également. Dans le monde entier, les autorités ont annoncé des conséquences, comme en Grande Bretagne, où le ministère des transports a déclaré «vouloir retirer de la circulation tout véhicule présentant des valeurs d‘émissions manipulées». D‘autres pays comme la Corée du Sud ont déclaré lancer des investigations contre les voitures VW et AUDI en annonçant que si des anomalies devaient être constatées, l‘ensemble des véhicules allemands feraient l‘objet d‘une investigation poussée.

Puisque d’autres pays ont également réagi de cette manière, la politique allemande s’est vu obligée d’agir. Ainsi, le ministre des transports Alexander Dobrindt (CSU) a donné ordre à l’administration fédérale des transports, de vérifier l’ensemble des véhicules diesel de VW, tout en soulignant que le chef de VW, Martin Winterkorn, lui aurait assuré son «soutien absolu».

L’Association des Automobilistes Européen (Auto Club Europa – ACE) estime que ce scandale ne constitue que le pic de l’iceberg. Son porte-parole a déclaré qu’il s’agissait «d‘une manipulation des consommateurs systématique et répandue pratiquée depuis longtemps». Le président de l’Institut Allemand des Recherches Economiques (DIW), lui, craint que les conséquences pour l’économique allemande pourrait s’avérer graves, mettant en péril de nombreux emplois chez les constructeurs et les fournisseurs.

L’Allemagne est affectée au cœur de son activité industrielle et cette perte de l’image pourrait aussi avoir des conséquences dans d’autres secteurs industriels. Si le «made in Germany» repose sur la manipulation des consommateurs dans le monde entier, l’Allemagne pourrait perdre une bonne partie de son standing économique. A suivre.

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