Le meilleur moyen de lutter contre le complotisme

Complotisme, fake news, théories étranges de toutes sortes, « experts » qui se contredisent et qui diluent les débats – un seul moyen pour arrêter la folie galopante : la transparence !

Le manque de transparence sur les travaux au laboratoire P4 donne lieu à toute sorte de rumeur. Foto: US Department of Health and Human Services / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Soyons honnêtes : nous ne savons pas grand chose de ce virus SARS-CoV-2 qui paralyse le monde depuis des semaines, depuis des mois. Des milliards de personnes sont confinées sur les cinq continents, et il est évident que tout le monde se pose des questions. L’absence de réponses aux questions les plus brûlantes donne lieu à des spéculations, des théories de complot, des suppositions et des soupçons. La faute des personnes confinées dont l’angoisse ne cesse de monter ? Non, la faute à ceux qui refusent d’expliquer au monde ce qui se passe. Les regards se tournent vers Wuhan. Mais aussi vers Paris.

Poser des questions, cela ne relève en aucun cas du complotisme, mais du besoin de savoir, de comprendre et d’évaluer la situation. Depuis que le drame de cette pandémie du Covid-19 a pris son cours à Wuhan en Chine, on apprend tous les jours des bribes qui ne donnent aucune vue fiable sur la nature de ce virus. Que s’est-il passé à Wuhan ?

La ville de Wuhan, avec ses 11 millions d’habitants, est un centre industriel où se sont installées environ 100 succursales et usines de grands groupes français, et la France est devenu un partenaire privilégié de cette ville. Parmi le peu des choses que l’on sait sur le laboratoire P4 qui s’y trouve et qui y travaille sur des virus extrêmement dangereux, il y a que la France en est un partenaire financier et scientifique. Par conséquent, en tant que partenaire, la France devrait avoir accès à des informations concernant les expériences qui y sont menées.

Dans l’interview que le président Macron a accordée la semaine dernière, il a dirigé les regards vers la Chine et intrinsèquement vers la ville de Wuhan. C’est là que l’on pourrait couper court aux rumeurs qui, elles, conduisent aux théories les plus bizarres, mais c’est aussi là que l’on refuse d’apporter de la transparence. Le 10 Janvier 2018, le président français et son homologue chinois publient une déclaration commune qui dit dans son paragraphe 22 que les deux pays souhaitent intensifier leur recherche commune sur les virus « en s’appuyant notamment sur sur le laboratoire P4 à Wuhan ». On n’invente pas, il s’agit d’une déclaration officielle. Donc, on peut partir du principe que le gouvernement français est au courant des travaux qui y sont menés.

Jusqu’à ce jour, les responsables de ce laboratoire, le gouvernement chinois et aussi le gouvernement français refusent de donner la moindre information concrète sur les expériences menées dans ce laboratoire. C’est ce manque de transparence qui stimule l’émergence de toutes ces théories qui circulent aujourd’hui.

Tous les jours, on apprend de nouveaux détails sur l’action de ce virus, détails qui généralement sont appuyés et contredits par des experts de toutes sortes. Les chercheurs trouvent peu à peu et à travers de longues et difficiles analyses des caractéristiques de ce virus, mais même eux n’ont pas encore une vraie vue d’ensemble sur les capacités néfastes de ce virus. Est-ce que ce virus a été « monté » par des scientifiques au laboratoire, comme le prétendent des chercheurs dans différents pays ? Une communication transparente sur cette question pourrait soit couper court aux rumeurs, soit donner des informations clés aux scientifiques dans le monde entier qui tentent de développer vaccins et thérapies contre ce virus mortel.

Le 2 février, Shi Zhengli, directrice adjointe du laboratoire P4 à Wuhan, a donné une explication peu scientifique à la presse internationale : « Je vous jure que ce virus ne vient pas de chez nous… ». Pourquoi ne pas avoir présenté des protocoles de travail, des preuves que ce laboratoire n’a pas travaillé sur ce virus SARS-CoV-2 ?

En vue de la tournure des événements, le monde est aujourd’hui en droit de savoir. Les gouvernements dans le monde entier sont en train de préparer le « déconfinement » de leur population, face à une catastrophe économique sans précédent. Mais avant même de connaître la véritable nature de ce virus et de ses capacités d’évolution, les gouvernements envoient leur population au front d’un combat dont on ne connaît même pas encore l’ennemi. Envoyer les enfants à l’école et les parents au travail, les exposer à une infection systématique en vue d’une « immunisation de groupe » dont on ignore si elle aura réellement lieu, est plus qu’osé.

Si les regards se tournent vers la Chine et vers la ville de Wuhan, considérant que la Chine (comme d’autre pays) a menti dès le début de cette crise sur quasiment tous les points, il faut aussi demander au gouvernement français de tout faire pour obtenir et publier des informations d’un laboratoire dont la France est partenaire financier et scientifique. Une vraie information de ce laboratoire permettrait, dans le pire des cas, d’exclure une piste et ainsi, de couper court aux rumeurs et théories de complot. Dans le meilleurs des cas, une telle information pourrait donner des éléments aux chercheurs du monde entier qui pourraient accélérer le développement de vaccins et thérapies efficaces.

Tant que les gouvernements et des structures comme le laboratoire P4 restent muets, ils ne font que stimuler toutes ces théories inquiétantes. Il n’est peu surprenant que les gens posent des questions. Poser des questions, ce n’est pas du complotisme. C’est l’absence de réponses qui donne naissance aux théories complotistes.

Le monde entier a droit à ces réponses. Le monde entier subit cette crise sanitaire et subira les conséquences économiques et sociales qui se dessinent déjà. Si les gouvernements demandent aux populations d’envoyer leurs enfants à nouveau à l’école pour pouvoir relancer la machine économique, les parents sont en droit de savoir dans quel danger ils envoient leurs enfants.

Comme souvent, les fake news n’émanent pas de journalistes peu responsables qui cherchent le « buzz », mais d’une désinformation de la part des communicants institutionnels. Il est temps de mettre la lumière sur ce laboratoire P4 et sur les travaux qui y sont menés.

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