Le monde selon Vladimir Poutine

Le discours de Vladimir Poutine lors du « Sommet virtuel des leaders des G20 » se situait quelque part entre le cynisme et un déni pathologique des réalités. Pas très rassurant.

Est-ce qu'il était vraiment nécessaire d'offrir une telle plate-forme aux mensonges et au cynisme de Poutine ? Foto: Kremlin.ru / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La guerre en Ukraine, disait Vladimir Poutine aux 19 autres chefs d’état et de gouvernements des G20, est une « tragédie » et le président russe invitait les autres participants de ce sommet virtuel à réfléchir comment cette tragédie pourrait être terminée. Si dans le monde de la diplomatie, la première règle est de toujours garder la communication ouverte, la participation de Poutine à ce sommet virtuel était probablement une erreur. Car Poutine profitait de cette occasion pour diffuser sa propagande et rien d’autre.

Depuis le 7 octobre dernier, on assiste à une autre conflit où la stratégie des belligérants est la même – l’agresseur se présente en victime et Poutine a fait la même chose hier, en soulignant que la Russie était parfaitement prête à négocier, mais que l’Ukraine ne voulait pas. Ainsi, Poutine prétend être celui qui serait favorable à une paix, mais la paix que propose le président russe, exige que l’Ukraine et la communauté internationale acceptent de céder environ un cinquième du territoire ukrainien à son agresseur. Et Poutine tait le fait que la « tragédie » en Ukraine n’est rien d’autre que la conséquence de son invasion dans le pays voisin, invasion qu’il ose toujours désigner comme « opération militaire spéciale ».

Ensuite, son intervention virtuelle devenait carrément perverse. Parlant du conflit à Gaza, il apostrophait l’Occident en parlant de l’assassinat de la population civile. Pendant qu’il parlait, ses troupes attaquaient un hôpital et une exploitation minière à Donetzk – ce qui rendait le discours de Poutine cynique au plus haut point.

C’est le chancelier allemand Olaf Scholz qui interpellait Poutine pendant ce sommet virtuel à retirer ses troupes de l’Ukraine pour mettre un terme à cette tragédie, tout en soulignant que l’Allemagne allait continuer à soutenir l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire.

A Georgia Meloni, la première ministre italienne, de conclure après ce sommet virtuel : « La Russie veut donc travailler sur le processus de la paix. Je suis contente qu’il (Poutine) l’ait dit. Je pense qu’il pourrait prouver le sérieux de ses paroles très facilement – il suffit qu’il retire ses troupes. »

Force est de constater que « l’ange de la paix » Poutine a intensifié depuis le 7 octobre dernier ses attaques sur l’Ukraine, profitant du fait que l’attention du monde soit actuellement monopolisée par le conflit à Gaza. A l’avenir, il faudra réfléchir deux fois avant d’offrir une telle plate-forme de propagande au chef du Kremlin. Pour lui, il s’agissait d’une belle occasion pour diffuser ses positions cynique, tout en se réjouissant de son retour sur la scène politique internationale. Est-ce que cela valait vraiment le coup ?

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