Le SPD veut remplir les caisses de l’état

Après que la Cour Constitutionnelle ait invalidé le budget du gouvernement allemand, ce dernier cherche des fonds. Et le SPD pense avoir trouvé la recette. Le doute est permis...

Il y a des moments où le chancelier Olaf Scholz se sent seul. Très seul même. Foto: Christophe Braun / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Lors de son congrès à Berlin, le SPD, parti du chancelier Olaf Scholz qui traîne actuellement à 14% dans les sondages, a redécouvert qu’il est censé être un parti « de gauche ». Pour une fois, l’idée n’est pas de faire payer les plus démunis pour les déficits de l’état, mais de chercher l’argent là où il se trouve. Mais le mélange sauvage entre crédits et une sorte d’ISF risque de ne pas fonctionner. Et un parti dont la politique est rejetée par 86% de la population aura du mal à imposer son plan pour renflouer les caisses. Mais malgré la détermination affichée à Berlin, dans l’ensemble, les plans restent assez flous.

D’une part, le SPD souhaite taxer les grandes fortunes et les plus forts revenus. A partir d’un revenu annuel de 277.826 € (on se demande d’où ils sortent ce genre de chiffre…), l’état veut demander un « impôt de solidarité pour l’avenir » et le SPD veut aussi imposer une taxe exceptionnelle sur les plus grandes fortunes. A partir de quel seuil et à quelle hauteur cet ISF devra être payé, le SPD n’a pas voulu se prononcer. Mais on a compris le message – le parti d’Olaf Scholz veut taxer les plus riches. Au fond, une bonne idée. Sauf que cela ne sera pas possible avec le FDP, le partenaire de coalition du SPD qui lui, se situe actuellement à 5% dans les sondages et qui n’est même pas sûr d’être représenté au prochain Bundestag. Quant au troisième partenaire de coalition, les Verts, on ignore encore comment ils se positionnent.

Si l’idée de taxer les plus riche est sympathique, le deuxième élément du plan pour renflouer les caisses de l’état est déjà moins bon. Pour disposer de davantage de fonds, le SPD veut suspendre le « bouclier d’endettement ». Comprendre : lorsque l’état a besoin d’argent (donc toujours), il pourra à nouveau s’endetter à souhait. Outre le fait qu’il y ait des règles européennes qui interdisent une telle démarche, un tel projet ne sera pas non plus possible avec le ministre des finances Christian Lindner (FDP) qui veut maintenir ce « bouclier » à tout prix. Le FDP, lui, aimerait plutôt prendre l’argent là où les gens n’ont pas l’habitude de se défendre, en baissant les prestations sociales.

Toutefois, le SPD ne pense même pas à revoir ses dépenses militaires. On délaisse les infrastructures, les écoles, les hôpitaux, pour financer la guerre en Ukraine. On continue à acheter du gaz russe au prix fort en remplissant la caisse de guerre de Vladimir Poutine. L’Ukraine obtient presque tout ce qu’elle demande et bien entendu, l’Allemagne participera à la reconstruction du pays. Ce serait moins embêtant si cela ne se passait pas en sacrifiant la paix sociale en Allemagne.

Avec le plan de construire l’avenir à crédit, l’Allemagne s’enfonce de plus en plus. Après, il s’agit de la communication politique, mais non pas d’un véritable plan politique. La coalition au pouvoir à Berlin, SPD-Verts-FDP vit ses dernières semaines avant le clash, les trois partis sont totalement incompatibles dans les positions fondamentales et les plans du SPD ne peuvent pas se réaliser dans une coalition avec les libéraux du FDP qui refusent le « trop d’état ».

Si le SPD veut maintenant se repositionner comme LE parti de gauche, il ne faut pas oublier ces 86% des Allemands qui ne se retrouvent plus dans la politique du SPD et qui n’attendent que les prochaines élections pour chasser le SPD du pouvoir. Actuellement, on estime que la coalition berlinoise ne puisse pas aller à son terme et en cas d’élections anticipées, l’Allemagne risque de suivre sur les traces des Pays-Bas avec une extrême-droite AfD plus forte que jamais.

Est-ce que le SPD veut se présenter déjà maintenant comme une alternative à lui-même en cas d’élections anticipées ? En présentant des plans dont il sait qu’il ne peut pas les réaliser, tout porte à croire qu’il s’agit d’une manœuvre électorale sans plus. En tout cas, avant que les riches et les super-riches doivent participer aux efforts du pays, beaucoup d’eau coulera sous les ponts du Rhin…

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