Le terrorisme d’extrême-droite en Allemagne : les « Citoyens du Reich »

Dans une action concertée qui se déroulait en simultané dans plusieurs Länder partout en Allemagne, 3000 policiers ont démantelé le réseau terroriste des « Reichsbürger ». De qui ?

Ils se prennent au sérieux, les "Reichsbürger". Classés "organisation terroriste", les "Citoyens du Reich" disparaîtront. Foto: Benedikt Weissmann / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Nous vivons une époque de grandes errances, comme il faut le constater depuis trois ans. Un certain nombre de personnes a du mal à gérer les multiples crises qui elles, affectent déjà une grande partie de la population, en Allemagne, en France, en Europe, partout. Du coup, fleurissent les théories de toute sorte, des groupes étranges comme les « Querdenker » ou les « QAnon » font beaucoup de bruit, les extrémistes remontent doucement dans les sondages et parmi les nombreux groupes et groupuscule, il y a les « Reichsbürger », les « Citoyens du Reich ». Si d’abord, on a envie de sourire, le sourire se glace lorsque la police découvre des plans d’attaques terroristes et de coup d’état au sein d’un groupe disposant de grands moyens – les « Reichsbürger », dont les Allemands savent depuis hier qu’il s’agit d’une organisation terroriste qui se préparait au passage à l’acte.

Les « Reichsbürger » existent déjà depuis les années 80, mais ils ont pris un certain envol depuis environ 2010, dans le sillage d’autres groupes et partis d’extrême-droite. Le credo des « Reichsbürger » est assez simple : ils estiment que le « Deutsches Reich » n’a jamais cessé d’exister, que la République Fédérale d’Allemagne n’a donc jamais existé (tout comme l’ancienne RDA) et que de jure, le « Deutsches Reich » existe toujours. L’actuel patron des « Reichsbürger » Heinrich Reuss, un noble renié par sa famille, la Maison Reuss, est déjà désigné comme souverain Heinrich XIII. Mais ce qui ressemble un peu à un jeu de bac à sable, est sérieux. Les Reichsbürger comptent plus de 20.000 adhérents, ce qui est à la fois très peu par rapport aux 80 millions d’Allemands et énorme, et, selon les services des renseignements allemands, environ 2100 seraient prêts à commettre des actes violents et même terroristes.

L’objectif des « Reichsbürger » est de renverser le gouvernement en place, et de prendre le pouvoir. Actuellement, cela semble difficile, car 25 personnes ont été arrêtées hier lors de la plus grande descente policière dans l’histoire de la République Fédérale, dont « Heinrich XIII. Reuss » et lui et ses cadors risquent des peines lourdes – la police a trouvé des plans détaillés d’attentats, par exemple, la prise du parlement allemand, du Bundestag, par une troupe armée jusqu’aux dents, à l’instar de la prise du Capitole par les supporteurs de Donald Trump. Les inculpés devront répondre à un chef d’accusation grave, le §129a, « Création d’une organisation terroriste ».

L’action de la police a sans doute paralysé le niveau opérationnel des « Reichsbürger », dont les actions seront désormais suivies à la loupe, mais il est incroyable que des militants aux idées aussi farfelues puissent s’assurer le soutien de 20.000 personnes et qu’ils réussissent à radicaliser 2000 jeunes aux tendances néo-nationalistes.

Le parti d’extrême-droite AfD, lui, se trouve actuellement à 12% dans les sondages (tendance à la hausse), mais il ne faut pas se tromper. L’extrême-droite allemande attire moins d’électeurs qu’en Italie ou en France, mais elle est beaucoup plus violente. Les autorités relèvent une forte hausse de crimes et délits commis par ces néo-nationalistes et il convient d’être très vigilant. Il paraît qu’on ait sous-estimé pendant des années l’évolution des « Reichsbürger », et maintenant, il faut surveiller un groupe qui compte plus de 2000 potentiels terroristes.

En tout cas, l’action a été un succès, même si plusieurs députés ont critiqué le fait que de nombreux journalistes étaient au courant « depuis deux semaines ». Quoi qu’il en soit, ce groupe extrémiste ne semble plus en état de nuire. Mais d’autres groupes néo-nationalistes et radicaux prendront la relève, récupéreront les soutiens des « Reichsbürger » et il faudra également les garder à l’œil. A moins d’avoir envie de revivre une « République de Weimar 2.0 ».

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste