« On fait de l’éducation notre priorité »…

En Allemagne comme en France, le monde politique est unanime – il faut investir dans l’éducation des générations futures. Dommage que le personnel dans les administrations ne soit pas à la hauteur.

Les "erreurs de calcul" commencent à se multiplier en Allemagne... Foto: Immanuel Giel / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – En Allemagne, à l’horizon 2025, on doit se préparer à une pénurie d’instituteurs dans le cycle primaire. La raison en est… une erreur de calcul de la « Conférence des ministres de l’Education » (Kultusministerkonferenz, KMK) dont la mission est d’harmoniser l’enseignement au niveau fédéral – l’éducation relève des Länder et chaque Land allemand mène sa propre politique d’enseignement. Une erreur de calcul ?

Dans une étude datant du mois de Mai 2018, la KMK avait estimé qu’en 2025, 3,064 millions d’enfants allaient fréquenter les écoles du primaire. Mais comme vient de le rendre public la Fondation Bertelsmann, le chiffre réel se situerait à 3,232 millions d’élèves, donc 168 000 de plus. Par conséquent, la Fondation prévoit un manque de 26 300 enseignants dans le primaire. Les conséquences de cette « erreur de calcul » seront graves pour un pays qui, en 2025, prendra de plein fouet les conséquences du changement démographique.

Les experts estiment que cette pénurie d’instituteurs et d’institutrices conduira à une baisse du niveau de l’enseignement, ce qui semble assez logique puisque le nombre d’élèves par classe devra forcément augmenter. Que faire ?

Pour Jörg Dräger, le patron de la Fondation Bertelsmann, il sera nécessaire d’attirer des personnes qualifiées, mais non formées dans les écoles du primaire. De plus, il faudra convaincre des instituteurs de prolonger leur vie active à l’école en rendant le métier plus attractif, comprendre : en payant mieux les instituteurs et en instaurant davantage de postes à mi-temps pour permettre une plus grande flexibilité du métier. Mais ces propositions ne trouvent pas l’approbation du président de la Fédération Allemande des Enseignants, Heinz-Peter Meidinger. Il explique que dans certains Länder, trois instituteurs sur quatre seraient déjà des « Quereinsteiger », donc des enseignants n’ayant pas suivi une formation pédagogique, mais ayant des compétences dans les matières enseignées.

Cette situation fait penser à celle du Bade-Wurtemberg, où la ministre de l’Education Susanne Eisenmann avait reporté l’enseignement de la première langue étrangère de deux ans, au grand dam de tous ceux qui préconisent l’apprentissage des langues étrangères dès le plus jeune âge. La justification de cette mesure : pas assez d’enseignants bilingue et l’impossibilité de prévoir la demande.

A se demander ce que font les fonctionnaires dans les différents ministères – qui visiblement, ne travaillent pas sur les chiffres actuels et qui ne tiennent pas compte des changements dans la société. Ce sera à tout le pays d’en payer l’ardoise. Dès lors, la qualité de l’enseignement baisse, et ce sera toute l’économie du pays qui en souffrira. A un moment où l’Allemagne aurait besoin de jeunes bien formés pour parer aux conséquences du changement démographique, cela constitue une mauvaise nouvelle pour l’Allemagne. Une de plus.

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