Le traité est dead

Sibeth Ndiaye a annoncé au nom d’Emmanuel Macron que la France n’allait pas ratifier le traité sur les libres échanges avec le « Mercosur » sud-américain. Mais la France n’aurait-elle pas pu intervenir en phase de négociation ?

Les pays du Mercosur veulent exporter leur viande vers l'Europe. Et les agriculteurs européens ne sont pas contents... Foto: Post of Paraguay / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Etrange, cette hâte de l’Union Européenne à signer le traité sur les libres échanges avec le « Mercosur » (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) – avant même que les Etats membres aient défini une position commune par rapport à ce traité. Si l’objectif de cette signature était d’émettre un signal fort en direction de Donald Trump, ce signal était mal ficelé. Car si la France refuse de ratifier ce traité, il n’entrera pas en vigueur. Beaucoup de réunions et de voyages pour rien…

Si ce traité a été préparé dans le privé, les rédacteurs et juristes qui l’ont rédigé pourront se chercher un nouveau job. Car ce traité a été bâclé – laissant de nombreux points dans le vague, sans pour autant régler quelques points cruciaux. Ainsi, les agriculteurs français craignent que le marché européen soit submergé de viandes en provenance de l’Argentine ou du Brésil, au détriment des agriculteurs français – et ce souci est tout sauf infondé.

Il se pose en effet la question des standards, qui ne sont pas les mêmes en Europe et en Amérique du Sud. Conditions de production, conditionnement et transport de la viande (et d’autres produits agricoles), prix : les agriculteurs français (et européens) craignent le pire. Mais ce n’est pas tout.

Les écologistes critiquent que le traité ne comporte aucune garantie que la déforestation de la forêt amazonienne cessera ; et il s’agit là d’un point crucial dans la lutte contre les changements climatiques. Les conséquences de ce traité pourraient alors être le contraire de ce qu’espère l’Europe – en se transformant en une motivation supplémentaire de détruire le « poumon vert du monde » pour satisfaire les marchés européens, par exemple en huile de palme ou d’autres produits dont nous ne voulons pas.

L’Europe devrait dire un grand « merci » à la France d’avoir arrêté ce processus. Si on comprend que l’Union Européenne souhaite créer un contrepoids contre les superpuissances que sont les Etats-Unis et la Chine, il convient tout de même d’organiser ce genre d’action en réfléchissant en amont. Ainsi, le gouvernement français a exprimé clairement son souhait que la nouvelle Commission Européenne « décortique » ce traité et y apporte les modifications nécessaires avant d’entrer dans la phase de ratification.

Pour le reste, on peut se faire de plus en plus de soucis – si la France n’avait pas freiné ce processus, l’Europe se retrouverait maintenant dans un traité qui va à l’encontre de tous les sujets qui importent actuellement aux Européens. Il serait peut-être temps que l’Europe institutionnelle se calme un peu, qu’elle réfléchisse avant d’agir et qu’elle se donne elle-même des objectifs clairs et en phase avec ce que demandent les 500 millions d’Européens et Européennes. On en est loin…

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