Le tsunami arrive…

Les conséquences économiques de la crise sanitaire commencent à devenir visibles. Dans les villes, un nombre croissant de magasins, restaurants, hôtels et d’autres commerces met la clé sous la porte.

Les premiers doivent jeter l'éponge... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Il fallait s’y attendre, mais comme c’est souvent le cas, on refuse de croire aux événements jusqu’à ce qu’ils se matérialisent. Depuis des mois, nous savons que la crise sanitaire sera suivie par une crise économique et maintenant, au milieu de la « deuxième vague », cette crise économique frappe de plus en plus fort. Il suffit de se balader dans les centres de nos villes pour le constater – un nombre croissant de magasins doit jeter l’éponge. Les conséquences de ce « tsunami économique » nous occuperont pendant quelques années. Et dire que la crise sanitaire est loin d’être terminée…

« Bail à céder », « Tout doit disparaître », « Fermeture définitive » – ce genre de panneau apparaît de plus en plus souvent sur des vitrines. Si certains magasins dans les centres de nos villes trouvent rapidement des repreneurs, on ne peut plus fermer les yeux devant une triste réalité : ceux qui ne disposent pas de réserves financières suffisantes, risquent de disparaître. Le tissu économique de nos villes s’appauvrit et les seuls gagnants sont les grandes structures de distribution en ligne, comme par exemple Amazon. Il est étonnant de constater que de nombreux responsables politiques prônent actuellement l’installation de justement cette enseigne en Alsace – ils prônent donc la mise à mort des commerces et des emplois de proximité, pour favoriser la création de quelques centaines d’emplois plutôt précaires. Cette évolution contribuera largement à la paupérisation des villes, surtout des petites villes où les commerçants luttent actuellement pour leur survie.

Est-ce que nous optons réellement pour « l’amazonisation » de nos villes ? Après « l’ubérisation », « la déliveroosation » et « l’AirBnBsation » de nos villes, on opte maintenant pour la fin de la vie de proximité de nos villes ? Pour le seul bénéfice de groupes multinationaux à qui on permet, par des structures futées, de verser plutôt des dividendes aux actionnaires que de payer des impôts dans les pays ou ces groupes réalisent leurs bénéfices ? En fin de compte, cette mise à mort du tissu économique de proximité relève d’un choix politique. Il y en a qui préfèrent l’approfondissement d’un capitalisme style « Far Ouest », d’autres souhaitent favoriser une économie locale et régionale dans tous les secteurs où une telle approche est possible.

« Mais ils vont créer 500 emplois ! », s’écrient certains, en parlant d’une implantation d’Amazon en Alsace. D’accord, 500 emplois contre la mise à mort d’un tissu économique qui s’est développé depuis des décennies et qui offre des emplois ailleurs que dans des zones industrielles et commerciales loin des villes et villages. L’être humain ne semble pas trop compter dans le concert des grands groupes multinationaux et de leurs fidèles agents politiques qui semblent pressés d’en finir avec une économie à taille humaine.

Tout le monde est d’accord – actuellement, il faut tout mettre en œuvre pour éviter le pire. Mais est-ce que « tout mettre en œuvre » implique une politique économique qui crée quelques emplois à court terme, tout en détruisant un tissu économique ayant fait ses preuves ? Voulons-nous vraiment que les centres des villes soient désertés et laissés aux fast-foods et marques internationales ? Si nous souhaitons que demain, il y a encore une vie économique dans les villes et villages, il faudra éviter de transférer cette vie économique au seul internet en la confiant aux géants qui eux, ne connaissent ni moral, ni intérêt humain, mais seulement la « shareholder value » et des comptes bancaires aux Îles Caïman…

Sauvons ce tissu économique de proximité, sauvons les emplois et la vie dans les villes et villages, au lieu de transférer notre vie vers des hyper-structures qui se trouvent à l’extérieur de notre cadre de vie. Ceux qui souhaitent un changement vers une économie durable et plus humaine, ne peuvent pas se prononcer en faveur des Amazon & Cie. C’est un choix à faire, celui entre un capitalisme qui dévaste tout sur son passage et une autre approche économique qui elle, place l’homme au cœur de son action.

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