Les attaques politiques sur les réfugiés ne cessent pas

Les «faucons» du gouvernement allemand se mettent en rangée de bataille – la chancelière souffre et le SPD s’en frotte les mains…

Il veut "dissuader" les réfugiés - comme si ceux-ci avaient choisi la guerre dans leur pays. Foto: Cebelink / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – «Nous ne sommes pas dans une situation où nous devrions commenter tous les jours de nouvelles idées qui émanent de la CDU», disait le chef de la SPD, vice-chancelier Sigmar Gabriel (SPD) avec un sourire suffisant lorsque un journaliste lui posait la question comment il voyait les nouvelles attaques menées actuellement par le ministre de l’intérieur Thomas de Maizière contre le statut des réfugiés syriens. Mais malheureusement, le problème est beaucoup trop grave pour se réjouir du chaos qui règne actuellement au sein de la CDU/CSU et qui fait que les national-conservateurs de l’AfD ne cessent de grimper dans les sondages.

Dans une interview, Thomas de Maizière avait suggéré le week-end dernier qu’il faille revoir la pratique allemande qui veut à ce que l’on accorde presque systématiquement l’asile aux réfugiés syriens. Le ministre avait alors proposé de réduire le droit de séjour pour ces cas de trois ans à un an et d’interdire aux réfugiés de faire venir leur famille. Et il voudrait également à ce que, dans la même perspective, les autorités reviennent à une vérification exacte de chaque cas syrien. A un moment où ces administrations cherchent des solutions pour pouvoir traiter un nombre de requêtes incroyable, cette proposition a le potentiel de paralyser le pays.

Mais Thomas de Maizière a déjà trouvé des alliés dans sa lutte personnelle contre la chancelière Angela Merkel – et à la surprise générale, Wolfgang Schäuble est sorti de son tranché – en déclarant dans une interview à la Süddeutsche Zeitung que de Maizière avait, «bien entendu», raison. Même son de cloche chez Horst Seehofer, chef de la CSU et ministre-président de la Bavière, qui lui aussi, aimerait instaurer un régime plus dissuasif. Angela Merkel se trouve de plus en plus isolée.

Mais les «faucons» commettent une grave erreur – ils pensent qu’il suffit de «dissuader» les réfugiés pour qu’ils ne viennent plus. Mais ils oublient que ces réfugiés tentent d’échapper à une guerre civile sanglante, une guerre qui assure d’excellentes affaires aux producteurs d’armes en Allemagne, aux Etats-Unis, en France. On ne peut pas «dissuader» quelqu’un de tenter de sauver sa vie et celle de sa famille et les mesures actuellement discutées au sein de la CDU et de la CSU se situent aux bords du cynisme.

Face aux manœuvres tactiques des partis politiques, ce sont les églises catholique et protestante qui ont pris une position claire – le président du Conseil des Protestants Heinrich Bedford-Strohm a déclaré que de telles mesures visant des personnes qui fuient les horreurs du Daesh, seraient inacceptables.

Et quelle cruauté que de vouloir interdire aux demandeurs d’asile reconnus de faire venir leur famille ! Les «faucons» de ma CDU, la CSU, sans parler des xénophobes de l’AfD (dont l’un des membres-fondateurs, Olaf Henkel, ayant quitté le parti depuis un bon moment, a dit «on a créé un monstre»…) portent une large partie de la responsabilité pour le nombre croissant des attaques visant des réfugiés et les structures d’accueil.

Mais les états-membres de l’Union Européenne portent aussi une grande responsabilité. Leur refus de se montrer solidaires face au drame humanitaire qui frappe la population syrienne, pourrait effectivement conduire à l’écroulement de l’Union Européenne, comme l’a dit le ministre des affaires étrangères luxembourgeois Jean Asselborn. En vue du comportement de certains états de l’est de l’Europe, on pourrait se poser la question si une telle Europe doit vraiment être maintenue. Car la défaillance collective face à la crise syrienne devrait faire taire ceux qui parlent encore aujourd’hui de l’Europe comme «fief des Droits de l’Homme».

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