Les reproches de Recep Tayyip Erdogan

La perception des réalités peut varier – ainsi, le président-dictateur turc Recep Tayyip Erdogan a reproché à l’Europe de « soutenir le terrorisme ». Eh ben.

Erdogan en "Devil's child", comme sur la couverture de l'album du groupe "Judas Priest". Foto: Donald1972 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – En principe, il faudrait tout simplement ignorer les agissements du président-dictateur turc Recep Tayyip Erdogan. Mais malheureusement, ce n’est pas possible. Le rôle géopolitique de la Turquie est tel qu’on ne peut pas simplement faire semblant que la Turquie n’existe pas, il faut que l’Europe prenne une position par rapport à ce qu’il se passe en Turquie et il faut surtout que l’Europe se mette à agir au lieu de se limiter à réagir aux énormités d’Erdogan. Qui lui, vient d’accuser l’Europe « dans son intégralité » de « soutenir le terrorisme ».

Ce reproche qui se réfère au fait que des ressortissants kurdes puissent vivre en sécurité dans les pays européens, vient de la part d’un président-dictateur qui n’a jamais réussi à démentir les relations étranges que son clan entretient avec Daesh. Et le message qu’envoie Erdogan est clair – « je n’ai pas besoin de l’Europe ».

La nouvelle vague d’arrestations ressemble fort aux méthodes de son idole, Adolf Hitler. En arrêtant les derniers journalistes indépendants, des auteurs, des intellectuels et maintenant, des responsables politiques de l’opposition – on a vécu tout cela déjà le siècle dernier. Et il est particulièrement inquiétant qu’Erdogan cite le dictateur allemand comme l’exemple à suivre.

Mais l’Europe n’arrive toujours pas à agir, permettant ainsi à Erdogan de désavouer l’Union Européenne. L’abolition de la liberté de la presse, les dizaines de milliers d’arrestations, l’emprisonnement de l’opposition parlementaire – Erdogan est en train de copier la montée du nazisme allemand du siècle dernier. Pourquoi est-ce que l’Union Européenne hésite encore à émettre un signal fort ? L’Europe institutionnelle disposerait de moyens pour réagir face à ces violations des Droits de l’Homme systématiques – mais cette Europe hésite, craint pour son terrible accord concernant les réfugiés et pour les relations économiques. Et cette non-attitude européenne est tout simplement lamentable.

Lorsque vous posez la question dans les couloirs du Conseil de l’Europe, institution européenne à laquelle adhère la Turquie, on vous répond qu’il ne faut surtout pas froisser la Turquie et « garder les canaux diplomatiques ouverts » – mais à quoi servent ces canaux diplomatiques si ce n’est pas dans une situation comme celle-ci ?

Avant que Erdogan n’ai réussi à peaufiner un système à l’instar du IIIe Reich, il faut que l’Europe réagisse. La première étape doit consister en la terminaison de cet accord honteux sur les réfugiés et dans un deuxième temps, il convient de suspendre le droit de vote de la Turquie au Conseil de l’Europe et dans un troisième temps, le moment est venu de songer à des sanctions économiques. Il ne faut pas que l’Europe commette la même erreur qu’en 1938 – Erdogan ne fera pas partie des solutions pour la crise au Proche et Moyen Orient, mais il fait partie du problème. Si l’Europe ne réagit pas maintenant, la situation pourra rapidement dégénérer davantage.

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