L’Europe centrale durement touchée

Un Rapport pessimiste de la Commission Européenne

Bratislava : un travailleur à terre Foto: Diego Delso/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Un état sanitaire moins grave qu’en Europe occidentale, des dégâts plus graves sur l’économie : on peut résumer la situation ainsi en quelques mots. Même s’il est difficile de faire des prévisions à haut degré d’exactitude, les prévisions de ce Rapport (et pas davantage celles de bien d’autres experts) n’incitent pas à voir des lendemains qui chantent sous le soleil, exactement.

«  Contraction », « récession » : il est significatif que les experts et leurs commentateurs jouent sur ces mots. Normalement, on parle de récession quand on constate une diminution à deux chiffres (donc à partir de 10%) du PIB d’un Etat. Nous devrions , en réalité, n’être pas trop catastrophistes et parler, comme beaucoup de commentateurs, de « contraction », puisque les chiffres prévus n’atteignent jamais davantage que 8,5%. Ce qui en soi, est énorme, et représente globalement des conséquences plus dramatiques que celles de la crise financière qui a éclaté en 2008-2009. Encore que les experts ne soient pas à même de prévoir très précisément les conséquences économiques de la pandémie actuelle.

Imprévisible, ce genre de phénomènes catastrophiques l’est en quelque sorte par essence : personne n’ a plus réellement la prétention, après le triomphalisme scientiste qui a tout englouti durant tant de décennies, que l’on puisse raisonnablement prévoir les effets boules de neige dans la boule de cristal, ni tout ce qui accompagne les faits économiques dans les représentation sociales, si efficientes. Sans aucun doute, en ce sens, n’en saisit-on pas encore toute la gravité, pas encore davantage que ne le font les populations concernées.

La semaine dernière, la Commission européenne a rendu un Rapport sur l’état des lieux dans les pays du V4, c’est-à-dire la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie (le “Groupe de Visegrad”). Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission (il est chargé de l’ « économie au service des personnes ») reconnaît la difficulté de l’exercice ; il insiste aussi sur l’importance que présentera la compétence de tous à relancer réellement l‘économie, sans faux semblants et sans expédients illusoires. En tout cas, le Rapport prévoit une contraction de 7,75% pour l’ensemble de la zone euro. Enorme… Pour l’ensemble des pays de l’Union Européenne, le chiffre prévu est de 7,2%. S’en suivrait, nous dit-on dans ce document, une hausse de 6% en 2021. Vraiment ?…

Des résultats très divers à ce titre selon les pays, on s’en doute : 2020 verra une baisse de plus de 4% en Pologne – l’un des pays les moins touchés par la crise consécutive à la pandémie. Mais de plus de 9 % en Grèce…

Pour ce qui est des chiffres de prévision, on pense qu’en Pologne, en 2020, le chômage montera jusqu’à 7,5 % ! La Slovaquie sera plus durement touchée encore : presque 9%, alors que l’emploi était en pleine croissance avant la pandémie. C’est bien malheureux pour ce gouvernement et cette Présidente, la meilleure dont le pays ait bénéficié depuis son indépendance acquise après 1990…
Pour la Hongrie, la crise sera sans doute particulièrement dure : diminution de 7% du PIB, taux de chômage lui-même de 7%. Elle pâtira beaucoup de sa relative spécialisation dans des secteurs particulièrement touchés par la crise, notamment l’industrie automobile. A l‘heure même où BMW vient d’annoncer que finalement, la firme bavaroise ne s’installera pas comme prévu (depuis plusieurs années) à Debrecen… Un vrai coup dur pour l’économie magyare.

Mais de plus, le Rapport laisse entendre que l’accompagnement par les mesures du gouvernement – celui de Viktor Orbán- était chiche et largement insuffisant. Qu’il a manqué de prévoyance, de hauteur et de pertinence.

Quant au PIB, il diminuera dans tous les pays du V4 dans une moyenne de 5,5%.

Comme on l’a dit, la situation de tous les pays d’Europe centrale est similaire. De la qualité des réponses apportées dépendra la gravité des conséquences de la crise sanitaire et sociale. Et l’avenir de l’Europe toute entière, lui, dépendra des réponses ambitieuses, pertinentes et… généreuses que les institutions de l’Union sauront mettre en place.

A consulter : Prévisions économiques du printemps 2020 : une récession profonde et inégale, une reprise incertaine https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/

https://courrierdeuropecentrale.fr

 

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