L’Europe continue à acheter du gaz russe

Les sanctions contre la Russie sont une chose, les réalités en sont une autre. Actuellement, l'Europe utilise 30% de gaz russe de plus par rapport à l'avant-guerre.

Le gaz russe n'arrive plus parles gazoducs, mais sous forme de LNG par bateau. Bravo, les sanctions... Foto: Maciej Margas / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

OK logo viereck klein (KL) – Tous les jours, nous entendons les mêmes choses. Nous allons soutenir l’Ukraine jusqu’à la victoire finale, personne ne négociera jusqu’à ce que le dernier soldat russe ait quitté le territoire ukrainien, nos sanctions mettent la Russie à terre. Mais ça, ce n’est que la théorie. La pratique veut que nous continuons à financer cette guerre en Ukraine – en achetant des quantités de gaz et aussi de pétrole russe, l’Europe finance la Russie, tout en finançant la défense ukrainienne et cerise sur le gâteau, l’Europe financera aussi la reconstruction de l’Ukraine si un jour, cette guerre devrait trouver une fin.

Bien sûr, le gaz russe n’arrive plus par le gazoduc « Nord Stream ». Pour contourner les sanctions, le gaz russe est liquéfié et arrive par bateau, principalement en Espagne, pour ensuite alimenter les réseaux européens. Pendant les sept premiers mois de l’année, l’Europe a ainsi importé 30% de gaz russe de plus que pendant la même période en 2021 – et on se souvient, en 2021, il n’y avait ni guerre, ni sanctions.

Il en est de même en ce qui concerne le pétrole russe. Très rapidement, les Européens ont trouvé le moyen pour contourner leurs propres sanctions. Aujourd’hui, le pétrole russe est transporté en Inde, pour y être raffiné et ensuite, transporté vers l’Europe. Le même système fonctionne également par le biais de la Turquie.

« On ne peut pas se passer des ressources russes », disent les experts, mais cela pose un problème au niveau de la crédibilité de l’attitude de l’Occident dans la situation actuelle. Les « impératifs » économiques font que dans les faits, nous finançons la poursuite de cette guerre meurtrière aux deux belligérants, en faisant les beaux jours des actionnaires de l’industrie de l’armement et avec la perspective que des entreprises occidentales puissent un jour réaliser un joli chiffre d’affaires en reconstruisant l’Ukraine.

La guerre en Ukraine s’est transformée en bataille de propagande, en jeu des intérêts économiques et géostratégiques, et pour ce faire, la jeunesse de deux pays se fait sacrifier sur l’autel du grand capital. Un peu comme dans toutes les guerres.

Considérant que le gaz russe sous forme de LNG ne représente « que » 14% des importations de gaz liquide en Europe, le reste provenant des Etats-Unis (presque 50%), de l’Afrique (17%), du Moyen Orient (15%), la « dépendance » du gaz russe paraît étrange.

Mais d’autres sanctions frappant la Russie sont également contournées et ce, dans les deux sens. Pourtant, personne ne veut négocier, personne parmi les responsables ne souhaite que cette guerre se termine, car elle représente un « modèle d’affaires » plus que juteux pour ceux qui se remplissent les poches lors de chaque guerre.

La Hongrie, jusqu’à preuve du contraire état-membre de l’Union Européenne, a même conclu un nouvel accord sur la fourniture du gaz russe cette année et force est de constater que les sanctions ne sont appliquées seulement là où cela ne nous dérange pas. Par ailleurs, on continue à commercer avec « l’ennemi » comme avant.

Tous les jours, de jeunes (et moins jeunes) Ukrainiens et Russes meurent sur le front. Chaque mort assure de l’emploi en Europe et aux Etats-Unis. Et comme dans chaque guerre, les jeunes qui meurent, meurent en pensant défendre leur patrie. Pourtant, ils meurent pour les intérêts du grand capital qui lui, fait ce qu’il fait dans toutes les guerres du monde – il gagne de l’argent, de plus en plus d’argent. Il y a 50 ans, un certain John Lennon chantait « Imagine qu’il y ait la guerre et personne n’y va ». Nous en sommes bien loin…

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