L’extrême-droite allemande dépasse une ligne rouge

Le parlement d’un pays, c’est un endroit sacré. Là où la démocratie devrait régner, l’extrême-droite allemande AfD fait entrer ses supporteurs pour que ceux-ci harcèlent les députés.

Faut-il sauver à nouveau la démocratie allemande ? Foto: Lwd-fotograaf / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Outre la corona-crise, la crise économique et les manifestants « Querdenker », l’Allemagne a un problème – l’extrême-droite AfD qui elle, essaie par tous les moyens de déstabiliser la démocratie parlementaire. Mercredi, plusieurs supporteurs de l’AfD, bien connus par les services de la police, ont pu, sur invitation d’un député AfD, se rendre au « Reichstag » où ils ont harcelé des députés d’autres partis pour les sommer de ne pas voter en faveur de la nouvelle loi sur la protection contre les infections (« Infektionsschutzgesetz ») qui a été entériné hier par toutes les instances législatives allemandes (Bundestag, Bundesrat et ratification par le Président Fédéral).

Les supporteurs de l’AfD se sont baladés dans le bâtiment du Reichstag, ils ont « visité » des bureaux de députés, ils ont harcelé le ministre de l’économie Peter Altmeier – et une nouvelle fois, l’extrême-droite fait fi des règles démocratiques pour déstabiliser la démocratie à un moment où les multiples crises affaiblissent déjà l’état. Pendant que de milliers de personnes manifestaient devant le parlement allemand, estimant que le gouvernement abolit des droits fondamentaux, clamant que le virus n’existe pas, demandant l’abandon de toute mesure sanitaire, des extrémistes se sont introduits au temple de la démocratie, essayant de créer un climat de la peur chez les députés.

Comment ne pas penser au chapitre le plus sombre de l’histoire allemande, lorsqu’en 1933, les députés du NSDAP se pointaient dans le même Reichstag pour lancer un régime de la terreur ? Souvenons-nous que les nazis avaient fait arrêter les députés de l’opposition dont bon nombre avait été interné à Dachau et tué par la suite. La démocratie est une fleur sensible qu’il convient de protéger, évidemment en premier lieu contre les ennemis de l’état de droit et contre tous ceux qui aimeraient instaurer un régime totalitaire, fasciste, xénophobe et brutal.

Ce sont les instances du parlement allemand qui vont maintenant enquêter sur cet incident. S’il est confirmé que ce soit un membre du groupe AfD qui a fait entrer ces personnes dans l’enceinte du parlement allemand, pour leur permettre de déranger le bon fonctionnement de la démocratie parlementaire, il faudra alors que ce groupe soit sanctionné. Si une démocratie saine doit pouvoir supporter des critiques, aussi farfelues qu’elles soient, il faut se défendre contre toute tentative d’instaurer un climat de la peur au sein même du parlement. L’AfD montre clairement qu’elle est incapable de participer au processus démocratique et que son but principal consiste à déranger le plus possible le travail parlementaire. Plus personne ne pourra clamer que voter pour l’AfD serait un vote de protestation – l’AfD est un danger pour la démocratie et ceux qui votent pour ces extrémistes, sont à considérer également comme des extrémistes. Les temps deviennent de plus en plus durs, aujourd’hui, il faut prendre clairement position. Soit, on est pour la démocratie, soit on est contre…

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