Mais où veulent-ils en venir ?

En 2016, Puigdemont et Rajoy pouvaient encore parler l'un avec l'autre. Et maintenant ? Foto: Generalitat de Catalunya / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Carles Puigdemont et Mariano Rajoy se sont manœuvrés dans une impasse dont il sera difficile de ressortir. Le premier ministre espagnol a activé le désormais paragraphe 155 de la Constitution espagnole lui permettant de prendre le contrôle sur le gouvernement de la Catalogne, de destituer son adversaire politique Carles Puigdemont et d’imposer des élections anticipées en Catalogne. Que fera Puigdemont qui lui, est menacé d’une arrestation politique qui ferait de lui le martyr du mouvement indépendatiste. A partir de maintenant, il faudra un miracle pour éviter un conflit dont personne ne mesure les conséquences aujourd’hui.

Et non, en 2017, il ne s’agit pas du combat des « bons » (républicains) contre les « méchants » (franquistes), mais il s’agit d’un mouvement d’indépendance cherchant à fractionner l’Espagne. Comme pour le « Brexit », le projet manque de sérieux à tous les niveaux – quid de la monnaie, de l’appartenance à l’Union Européenne, des forces de l’ordre, de l’économie ? Quid des Espagnols qui vivent en Catalogne et qui représentent encore une « majorité silencieuse » (sachant que moins de 50% des inscrits avaient voté pour l’indépendance lors du récent référendum), quid des étrangers UE qui vivent en Catalogne et quid des Catalans vivant en Espagne ou un autre état européen ?

Carles Puigdemont sait pertinemment que ce référendum n’était pas conforme avec la constitution espagnole et Rajoy ne sait plus sur quel pied danser – il est de sa compétence de veiller à ce que la Constitution de son pays soit respecté et il est carrément de son devoir d’empêcher une région espagnole comme la Catalogne de quitter l’état espagnol.

Pourquoi est-ce que Carles Puigdemont et Mariano Rajoy ne se parlent pas ? Les deux tournent à la roue de l’escalade et ne semblent pas trop penser à l’avenir. Car en l’état, nous nous dirigeons tout droit vers un conflit qui pourrait dégénérer. L’Espagne a déjà incarcéré des leaders indépendantistes et selon l’évolution du début de la semaine, d’autres pourraient suivre. Les Catalans, eux, sont outrés par la violence des forces de l’ordre espagnoles et à défaut de trouver rapidement un terrain de discussion entre Madrid et Barcelone, ce conflit a le potentiel de se transformer en un cauchemar.

Comme pour le « Brexit », il n’est pas trop tard pour parler. Personne en Espagne, personne en Catalogne ne peut sérieusement souhaiter une nouvelle guerre civile, mais la Catalogne est aujourd’hui un baril de poudre. Si en début de semaine, Carles Puigdemont devrait déclarer l’indépendance de la Catalogne, Madrid interviendra de manière musclée. Si Madrid devrait réagir de manière musclée, par exemple en incarcerant Puigdemont, le baril de poudre pourrait exploser.

L’heure est à la discussion. L’Union Européenne doit, pour une fois, sortir de sa position habituelle qui est, comme si souvent, une « non-position » et tous les esprits bienveillants doivent tout mettre en œuvre pour que Puigdemont et Rajoy se mettent   à table pour parler. Il n’y aura pas d’autre solution à ce conflit qui est à deux doigts de tourner en catastrophe européenne.